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À Madagascar, une approche zonale pour stimuler la filière bio

Production et valeur ajoutée

À Madagascar, la surface des terres consacrées à l’agriculture bio a plus que triplé depuis 2011.

© FAO

Cartographie

Le développement de zones destinées uniquement à l’agriculture biologique permet de stimuler la filière et de générer de meilleurs revenus pour les petits agriculteurs.

À Madagascar, une cartographie des terres consacrées à l’agriculture biologique permet d’identifier les zones à soutenir en priorité, en offrant des conseils et appuis techniques, un approvisionnement en semences bio et une assistance à la certification bio des agriculteurs. Une zone qualifiée de bio – les producteurs répondent aux exigences de l’Agriculture biologique et des spécificités malgaches – sert de base de départ pour étendre et développer les pratiques agricoles bio. Élaborée par le Syndicat malgache de l’agriculture biologique (Symabio), cette approche est développée par plusieurs exploitants, dont les entreprises de transformation agricole Lecofruit, l’huilerie de palme Melville, Jacarandas (épices et huiles essentielles) ou encore Sahanala (gingembre, vanille, noix de cajou…).

Alors que 36 000 hectares étaient consacrés au bio en 2011, la surface dévolue à ce type d’agriculture a atteint les 121 000 hectares en 2018 sur l’île. De plus, en 2012, les exportations de produits issus de l’agriculture bio ont atteint une valeur de 84 millions d’euros en 2018, contre 22 millions d’euros en 2012. L’agriculture biologique est plus rentable pour les petits producteurs, du fait de coûts de production et de distribution moins élevés et de prix de vente plus intéressants que pour l’agriculture conventionnelle. “Je n’ai plus besoin d’acheter d’intrants et d’engrais chimiques chers, le compost nous suffit. Et le prix d’un produit bio est beaucoup plus élevé que celui du conventionnel”, confirme Tendry Botomazava, un planteur de canne à sucre bio, dans l’est du pays.

Selon Gaëtan Etancelin, directeur de l’huilerie Melville qui produit 1 000 tonnes d’huile bio par an, dont 85 % sont exportés, “il y a moins de risque pour les paysans dans l’exploitation bio. Ils ont un contrat, lequel garantit le débouché et le prix de la vente. À moyen et long terme, comme leur terre n'a subi aucun traitement chimique, ils ne risquent pas de l’appauvrir. Au contraire, le traitement naturel enrichit leur terre”.

Parmi les obstacles au développement de l’agriculture bio à Madagascar figure le coût de la certification : au moins 8 millions d'ariarys (2 000 €). Le Symabio essaie donc d’obtenir des certifications au nom de coopératives. Par ailleurs, certains facteurs extérieurs compliquent l’adoption de pratiques agricoles bio, comme l’indispensable utilisation de produits toxiques dans la lutte contre l’invasion de criquets dans le Sud du pays, qui risque de contaminer des millions d’hectares de cultures.

Créé en 2011 et composé de 40 membres certifiés bio (entreprises, coopératives agricole, associations paysannes…), le Symabio a défini avec le ministère de l’Agriculture le cadre réglementaire national de l’agriculture bio, et travaille avec le gouvernement à l’élaboration d’un Plan national stratégique phytosanitaire intégrant les exigences de l’agriculture biologique. Alors que Madagascar est déjà numéro un mondial dans les filières biologiques de la vanille, de la crevette et de l’huile de palme, un avant-projet de la loi sur l’agriculture bio devrait étendre ces pratiques agricoles au-delà des 35 000 petits producteurs bio de l’île.

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