Depuis la création d'Olam au Nigeria – dans la filière de la noix de cajou – en 1989, le secteur agricole est devenu un moteur de croissance économique, de création d'emplois, de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire en Afrique. La libéralisation du secteur agricole – une décision prise par les gouvernements africains en réponse à la crise financière mondiale et à la volatilité des marchés – a créé de nouvelles opportunités pour les investisseurs privés. Ces investissements ont donné un coup de pouce à la croissance économique, offrant ainsi de nouvelles chances aux petits agriculteurs du continent.
Cette priorité dont bénéficie à nouveau le secteur agricole a eu un impact positif réel, comme en témoignent l’augmentation des exportations et les gains de productivité réalisés dans les pays du continent. En Côte d'Ivoire, par exemple, la production de cacao et de coton a doublé et celle de noix de cajou a été multipliée par trois. Tous les pays n’ont cependant pas profité de cette évolution favorable et, sur le front des investissements, d’importants défis subsistent. Si le risque de change et le risque de contrepartie sont sans doute les deux principaux facteurs qui freinent les investisseurs potentiels, les “échecs” sont généralement à mettre sur le compte d’un manque de préparation : l’analyse du marché laisse souvent à désirer et les entreprises pensent à tort qu’un modèle d’entreprise peut être simplement transposé d’un marché à un autre. La situation au Ghana n’est par exemple pas du tout la même qu’au Mozambique, comme Singapour n’est pas l’Indonésie. Il y a donc lieu d’être bien attentif à la situation spécifique sur le terrain.
Tout investissement, domestique ou étranger, peut avoir un coût de réputation ou de financement considérable si le niveau de diligence raisonnable est insuffisant et que l’investisseur n’est pas prêt à coopérer de manière durable avec les acteurs locaux. En 2016, une conférence de la Banque mondiale a révélé que 45 % des investissements fonciers échouent en Afrique en raison de conflits communautaires. L'investisseur et le pays bénéficiaire doivent s’engager conjointement à faire en sorte que ces investissements portent leurs fruits. Se fier aux assurances données par un gouvernement ne suffit pas : les entreprises doivent étayer leur “permis social d’exploitation” en évaluant elles-mêmes les risques avec un tiers réputé, et réaliser par exemple une évaluation de l’impact environnemental et social de leurs activités et de leurs investissements. Un investisseur étranger devra également tenir compte du “risque-pays”. Celui-ci pourra toutefois être atténué par le biais de partenariats public-privé solides grâce auxquels les investissements pourront profiter à la population tout en soutenant le programme national de développement.
Investir prioritairement dans les secteurs en souffrance
De leur côté, les agriculteurs se heurtent toujours à l’absence d’infrastructures efficaces et à un accès limité au crédit et aux marchés. Dans le secteur de la transformation et de la distribution, les défis se résument essentiellement au problème de la préservation de la qualité des produits, compliquée par le manque d’infrastructures de stockage et de transport. Prenons le cas du Nigeria : malgré l’importance de la culture des arachides, le pays ne parvient pas à exporter sa production. Faute de possibilités adéquates et suffisantes de stockage, les arachides restent trop longtemps sur place, ce qui favorise la prolifération des aflatoxines. En raison du risque sanitaire posé par ces toxines, les principaux marchés d’exportation – les Etats-Unis, par exemple – refusent d’importer les arachides nigérianes. D’une manière générale, le problème majeur pour les chaînes d’approvisionnement africaines se situe dans la logistique, notamment l’accès routier, ferroviaire et portuaire. Des entreprises agroalimentaires comme Olam peuvent investir dans le stockage, mais les problèmes se poseront ensuite pour les ports – très congestionnés et dont les services sont généralement inefficaces et coûteux.
Relever ces défis et s’attaquer à ces problèmes pourrait non seulement stimuler les échanges commerciaux mais aussi contribuer à limiter le gaspillage alimentaire, et donc à améliorer la sécurité alimentaire mondiale. Certains gouvernements africains ont déjà pris des mesures dans le bon sens, mais beaucoup d’efforts doivent encore être consentis pour que l’Afrique devienne un acteur majeur, capable de contribuer à la productivité agricole mondiale. Il n’en reste pas moins que le continent possède un réel potentiel de croissance agricole qui peut être exploité si la priorité est donnée à la gestion durable de ce secteur. Tout d’abord, la moitié des terres fertiles encore non cultivées se trouve en Afrique. Le secteur agroalimentaire pourrait dès lors se développer au point de “peser” 1 000 milliards de dollars (880 milliards d'euros) d'ici à 2030. L’Afrique “tient” en outre un réel dividende démographique : sa population est la plus jeune et la croissance démographique la plus rapide au monde (40 % de ses habitants ont moins de 15 ans et 20 % moins de 24 ans). Le continent peut ainsi bénéficier d’une chance inégalée, en termes de population active et de dépenses de consommation, à condition que cette jeunesse soit convenablement instruite et formée.
Donner la priorité au capital humain et à l’infrastructure
Cela fait à présent trente ans qu’Olam poursuit son développement en Afrique et parallèlement au développement du continent. À ce jour, elle a investi 2,8 milliards de dollars (2,47 milliards d'euros) dans 25 pays, de la Côte d'Ivoire à la Tanzanie et la Zambie, et de l’ouest à l’est et au sud. Mais toute entreprise désireuse d’exploiter les opportunités offertes dans cette région doit veiller à ne pas mettre en œuvre une approche trop généraliste. Étant donné la situation spécifique à chaque pays, il y a lieu de consacrer à chacun d’eux le temps et les ressources nécessaires pour mettre en avant les avantages attendus des efforts qui assureront le développement de l’entreprise et du pays.
Pour y parvenir, il faut investir dans les personnes, les infrastructures et le soutien afin de mettre en place un environnement commercial propice au succès des entreprises et des entrepreneurs africains, tout comme leurs homologues internationaux. Olam, qui était au départ un exportateur de cultures vivrières africaines, a développé et diversifié ses activités – vente d’aliments emballés et riz et blé décortiqués pour le marché intérieur. Nous pouvons donc affirmer qu’aujourd’hui nos activités commerciales en Afrique bénéficient au continent africain.
Sachant que l’agriculture africaine repose en grande partie sur les activités de plus de 35 millions de petits exploitants, l’on peut affirmer que tout investissement qui ne stimule pas leur productivité ne sera pas durable. Il est donc parfaitement justifié sur le plan économique d’accorder une attention particulière au soutien en faveur des 2,8 millions de petits exploitants agricoles auprès desquels Olam s’approvisionne – pour des produits aussi divers que le café, le coton, les noix de cajou et le riz – et encore plus si l’on souhaite les aider à relever les défis auxquels ils sont confrontés. Notre capacité à continuer d'approvisionner nos clients exige que l’on aide ces agriculteurs à sortir de la pauvreté et à faire en sorte qu’ils puissent continuer à produire suffisamment et durablement, quels que soient les risques climatiques ou de marché.
Il
ne fait aucun doute que, si nos investissements ont eu un tel impact, c’est
parce que nous avons collaboré avec des ONG et des institutions de financement
du développement. Ce n'est que grâce à ces alliances que nous pouvons sortir
ces petits exploitants de l'agriculture de subsistance et changer réellement
leur situation sur le terrain. L’avenir laisse entrevoir un énorme potentiel de
développement économique en Afrique, qui demeure un élément clé de la
croissance d'Olam. Pour cette raison, nous continuerons à donner la priorité à
la région en tant que fournisseur compétitif à l’échelon mondial pour nos
produits de base. Nous continuerons également à maximiser les fortes
possibilités de croissance de la demande grâce à nos activités sur le marché
alimentaire domestique.