Pour les agriculteurs de la plupart des pays ACP – gravement touchés par les effets du changement climatique en raison de leur capacité d’adaptation plus faible et de leur dépendance excessive vis-à-vis de l’agriculture pluviale – le développement de la résilience revêt une importance capitale.
Face à un climat changeant et à des phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents, les agriculteurs veulent adopter des technologies et des systèmes agricoles qui pourront leur permettre d’absorber les contraintes dues au changement climatique et de préserver ainsi la fonctionnalité de leurs moyens d’existence basés sur l’agriculture.
L’une des méthodes les plus efficaces sur le plan technique pour améliorer la résilience et la productivité agricole consiste à alimenter de manière intensive les sols en substances nutritives en appliquant des engrais chimiques. L’utilisation d’engrais chimiques fait partie intégrante de l’agriculture conventionnelle dans les systèmes agricoles à haute productivité. Cependant, l’usage abusif d’engrais chimiques en agriculture est responsable d’une part significative des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde. De plus, pour bon nombre d’agriculteurs disposant de ressources limitées, la décision d’utiliser des engrais chimiques n’est pas une option envisageable pour améliorer leur résilience, compte tenu du caractère peu abordable et du manque de disponibilité de ces engrais.
L’adoption de technologies vertes de pointe, comme les drones et les pulvérisateurs automatisés, qui peuvent améliorer la capacité de résistance au changement climatique tout en réduisant les niveaux d’émissions de GES, n’est pas non plus une option réaliste pour les agriculteurs d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Ces solutions leur sont également inaccessibles en raison de leur coût élevé et de leur faible disponibilité, mais aussi à cause du manque de services de soutien et de l’absence d’un cadre politique environnemental visant à favoriser l’adoption de ces technologies – comme c’est le cas dans le secteur de l’agriculture dans certains pays développés, notamment dans les pays de l’OCDE.
L’émergence de technologies intelligentes
Pour les agriculteurs des pays ACP, la meilleure solution est de faire preuve d’intelligence face au climat : il s’agit d’un élément clé pour permettre aux agriculteurs de renforcer leur résilience tout en réduisant leur contribution aux émissions mondiales de GES. Il est possible d’y parvenir via l’adoption et l’adaptation de techniques d’amélioration des rendements et de pratiques de gestion climato-intelligentes. Il a par exemple été démontré que les semences résistantes à la sécheresse améliorent les rendements en cas de précipitations irrégulières. L’utilisation de ce type de semences, combinée avec différentes options de gestion des sols qui minimisent les perturbations du sol et avec l’utilisation de machines agricoles fonctionnant à l’énergie verte, permet aux agriculteurs de renforcer leur résilience tout en maintenant un faible niveau d’émissions de GES.
Pour que l’adoption de technologies et de pratiques agricoles climato-intelligentes soit une réussite, il convient de mettre en place des solutions locales rentables et adaptées aux contextes locaux. Un bon exemple est celui des technologies d’irrigation développées au Malawi par la Foundation for Irrigation and Sustainable Development (FISD). La FISD développe des services et des systèmes d’irrigation et d’alimentation électrique capables de faire fonctionner des pompes à eau à haut débit alimentées par énergie solaire. Ces solutions d’irrigation sont adaptées à différentes tailles d’entreprises agricoles, allant des petites exploitations aux plus grandes entités agricoles. Elles incluent notamment un kit solaire “prêt à l’emploi” de pompage et d’irrigation à petite échelle vendu à un prix abordable pour les coopératives de petits producteurs, ainsi que des systèmes d’irrigation à grande échelle alimentés par énergie solaire disposant de pompes à eau de 7,5 kW. D’une capacité maximale de 500 000 litres d’eau par jour, ces pompes permettent aux agriculteurs d’assurer leur production commerciale tout au long de l’année, malgré les sécheresses, les périodes sèches et les précipitations irrégulières, tout en maintenant un faible niveau d’émissions.
La FISD n’est qu’un exemple parmi les nombreuses entreprises prospères ancrées au niveau local qui œuvrent au développement de technologies vertes à faible coût afin de réduire la contribution aux émissions mondiales de GES tout en soutenant les efforts des agriculteurs pour améliorer leur résilience. Dès lors, il importe de veiller à ce que les agriculteurs soient informés de l’existence de telles technologies, de les aider à s’organiser pour pouvoir y avoir accès et de collaborer avec les décideurs politiques pour faire pression en faveur des investissements financiers dans le secteur de l’agriculture, à travers le développement et la mise en œuvre de mécanismes et de politiques appropriés, qui tiennent compte des contextes locaux et des besoins des agriculteurs.