Rwanda
Une entreprise rwandaise d’agroalimentaire forme des agriculteurs à la production de céréales fortifiées. Bilan : des revenus en hausse pour les petits exploitants et une contribution notable à la lutte contre la malnutrition dans le pays.
L’un des principaux fabricants rwandais de denrées nutritives améliorées, Africa Improved Foods (AIF), coopère avec plus de 24 000 agriculteurs du pays, dans le cadre de contrats visant à la fourniture de maïs et de soja. L’entreprise ambitionne d’améliorer le statut nutritionnel de la population rwandaise, en collaboration avec le gouvernement. AIF forme également les petits exploitants aux bonnes pratiques de gestion agricole et aux techniques postrécolte, ce qui leur permet d’accroître leurs rendements et de réduire les pertes. L’entreprise sèche et broie le maïs, qui est mélangé à du soja et des minéraux afin de produire des denrées fortifiées, contenant des vitamines et minéraux importants comme le potassium, le magnésium, le fer et le calcium.
Depuis 2016, le nombre de coopératives sous contrat, par le biais desquelles les formations sont organisées et les céréales collectées, est passé de neuf dans cinq districts à 110 dans 21 districts depuis 2016. “En 2016, quand le programme a démarré, nous avons collecté 4 000 tonnes de maïs auprès des agriculteurs. Ce chiffre est passé à 6 000 tonnes en 2017”, estime Elisha Rugambwa, coordinatrice de terrain d’AIF. “Et de septembre 2017 à février 2018, nous en avons déjà collecté 6 000 tonnes.”
Dans le district de Nyaruguru, ces contrats permettent à Fina Mukantwari, 46 ans et mère de six enfants, de louer 9 hectares de terres supplémentaires à un taux subventionné par le gouvernement de 1 000 RWF (1 €) par hectare, sur lesquels elle cultive du maïs. Auparavant, Fina Mukantwari vendait sa production à des intermédiaires, dont le système de mesure imprécis – ils utilisent des tasses à mesurer – la contraignait à souvent vendre à perte.
Fina Mukantwari est désormais membre de la coopérative Abishijehamwe Urwonjwa. En 2017, elle a vendu 450 kg de maïs en épi au prix de 187 RWF (0,18 €) le kilo. “Nous cultivons et vendons en groupe, ce qui permet d’augmenter les profits, de réduire les pertes et d’améliorer la qualité, puisque nous vendons immédiatement après la récolte”, explique-t-elle.
Faustin Nshimiyumukiza, président de la coopérativeAbishijehamwe Urugwiro dans le district de Kayonza, ajoute : “Auparavant, nous vendions notre maïs à des collecteurs informels, qui l’achetaient à un prix inférieur à celui d’AIF. Actuellement, un kilo se vend à 130-140 RWF (0,13-0,14 €) sur le marché local, tandis que AIF nous l’achète pour 187 RWF (0,18 €). Pour nous, cela fait une grande différence.”
En 2017, l’ONG World Vision s’est associée à AIF pour faciliter les liens entre cette dernière et les groupes de cultivateurs de maïs. “Nous avons organisé des formations agricoles pour familiariser les petits exploitants avec le modèle d’entreprise d’AIF, afin qu’ils répondent mieux aux exigences strictes de qualité de l’entreprise”, explique Ryoichiro Mochizuki, chef de projet chez World Vision. Le taux de rejet d’AIF en raison de la mauvaise qualité du maïs est passé d’environ 90 % en 2017 à 25 % début 2018.
Les produits nutritifs, comme la bouillie multicéréales, sont principalement destinés aux jeunes enfants et aux mères qui allaitent, afin de contribuer à la réduction des taux de malnutrition et des retards de croissance dans le pays et, plus largement, dans la région de l’Afrique de l’Est. Ces produits sont déjà distribués au Rwanda et exportés en République démocratique du Congo et en Ouganda. AIF entend doubler le nombre d’agriculteurs sous contrat dans les trois prochaines années et commencer les exportations vers le Kenya et la Tanzanie dans les prochains mois.