Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) confirme sa fermeture pour la fin 2020.

Comment la ZLEC peut bénéficier à l’Afrique de l’Ouest

Opinion

 

L’Afrique de l’Ouest compte plus de 360 millions d’habitants – soit plus d’un tiers de la population totale du continent – dont 60 % travaillent dans le secteur agricole. La région a un immense potentiel commercial, tant au niveau intrarégional que mondial, ce qui est essentiel pour la croissance économique et la sécurité alimentaire.

Néanmoins, les échanges intrarégionaux entre les pays ouest-africains restent bien en deçà de ceux des autres régions du monde, malgré l’existence de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui vise à promouvoir le commerce dans la région. Il en va de même pour tout le reste du continent africain : selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), en 2016, les exportations totales entre les pays ouest-africains se seraient élevées à environ 10,6 % des exportations de la région, contre 59 % et 69 % pour les exportations entre les pays asiatiques et européens respectivement.

Un potentiel prometteur

Dans ce contexte, le développement de la zone de libre-échange continentale (ZLEC) devrait stimuler les échanges intrarégionaux et permettre l’intégration entre les pays africains. L’objectif de la zone de libre-échange est d’assurer une augmentation significative du commerce intra-africain, ainsi que d’inciter les États africains à utiliser les échanges de manière plus efficace, en tant que moteur de la croissance et du développement durable. Au titre de la ZLEC, les États s’engageront à réduire les droits de douane sur 90 % des marchandises dans le but d’accroître les échanges intra-africains. Les chefs d’État et de gouvernement qui ont participé à la 28esession ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine (UA) se sont engagés à mettre la ZLEC en œuvre. Toutefois, malgré les bénéfices escomptés, la première économie d’Afrique de l’Ouest, le Nigeria, ainsi que dix autres pays membres de l’Union africaine ont refusé de signer la ZLEC, alléguant que l’accord pourrait nuire aux entreprises locales.

Malgré le refus d’acteurs majeurs de ratifier l’accord, la ZLEC devrait – si elle est bien mise en œuvre – renforcer d’autres accords économiques, comme ceux de la CEDEAO, et doter les pays ouest-africains de plus de poids politique et de pouvoir de négociation qu’aucun pays ne pourrait espérer à titre individuel. Elle a également le potentiel de réduire le coût des échanges et de permettre aux consommateurs d’accéder à une plus grande diversité de produits à des prix inférieurs. En effet, la ZLEC créera des opportunités d’économies d’échelle et permettra le transfert des denrées alimentaires depuis les zones où elles sont abondantes vers les régions où elles le sont moins – un fossé souvent renforcé par les frontières nationales. Cela est particulièrement pertinent pour l’Afrique de l’Ouest, où la croissance démographique est élevée et où le défi de la sécurité alimentaire est crucial. La ZLEC réduira aussi la vulnérabilité aux chocs externes et renforcera la participation de l’Afrique au commerce mondial, en tant que partenaire respectable, réduisant ainsi sa dépendance envers d’autres régions du monde.

Défis clés et pistes d’avenir

Malgré les opportunités offertes par la ZLEC, plusieurs défis significatifs doivent être relevés pour que l’accord puisse déployer pleinement son potentiel. Premièrement, les droits de douane constituent une source majeure de revenus pour la plupart des pays ouest-africains et, par conséquent, ceux-ci craignent une perte significative de recettes douanières et une répartition inégale des coûts et bénéfices parmi les pays membres. Ces derniers sont donc appelés à rechercher des méthodes innovantes pour partager les coûts et bénéfices associés à la ZLEC de manière équitable. Deuxièmement, la mise en œuvre de la ZLEC risque de s’accompagner de défis pratiques sur le terrain, comme la mauvaise qualité des routes, le manque d’infrastructures de stockage, la mauvaise application des lois et des politiques et réglementations souvent inadaptées, des pouvoirs de marché inégaux, et de piètres institutions locales et nationales. Ensemble, ces défis détermineront la réussite ou non des accords de libre-échange.

Néanmoins, la ZLEC constitue une étape importante qui rapproche les pays africains de leurs objectifs de développement. La réussite de la négociation et de la mise en œuvre de l’accord relatif à la ZLEC est donc cruciale pour que la région de la CEDEAO et le continent dans son ensemble puissent profiter de bénéfices économiques et sociaux.