Apiculture
Après la destruction de son cheptel d’abeilles par un parasite dans les années 2000, l’archipel relance sa production de miel et envisage déjà d’exporter.
Les petits producteurs de miel des Îles Salomon – en particulier les femmes – bénéficient de nouveaux débouchés commerciaux grâce à des formations et à la distribution d’équipements d’apiculture. Depuis 2015, près de 700 ruches ont été distribuées aux agriculteurs et 140 d’entre eux ont été formés aux techniques apicoles – dont l’élevage de reines – et à la bonne gestion des affaires.
Soutenu par le programme de développement rural des Îles Salomon (RDP, Solomon Islands Rural Development Program [1] ), le Centre des petites entreprises des Îles Salomon (SISBEC, Solomon Islands Small Business Enterprise Center) a joué un rôle central dans la relance de l’apiculture de l’archipel. D’après le ministère du Développement et de la Coordination de l’Aide, ce soutien a permis de générer des revenus moyens annuels de 13 000 dollars des Îles Salomon (SBD), soit 1 430 euros, par producteur. Entre 2016 et 2018, la production de miel est passée de presque rien à plus de 1 100 litres, vendus essentiellement dans le pays.
Dans les années 2000, les Îles Salomon produisaient suffisamment de miel pour envisager d’exporter une partie de leur production, fruit du travail de 2 000 apiculteurs avec 400 000 ruches. Hélas, l’introduction d’abeilles asiatiques porteuses de la mite varroa avait anéanti le secteur.
Près de quinze ans plus tard, l’apiculture redevient un secteur d’avenir pour cet archipel du Pacifique, laissant entrevoir des opportunités commerciales prometteuses.
“La plupart des producteurs vendent leur production à un intermédiaire qui le conditionne et le vend à des grossistes en ville”, explique Rodney Suibaea, membre du SISBEC. Principal intermédiaire du secteur, le SISBEC garantit un débouché aux petits producteurs en leur rachetant leur miel entre 40 et 50 SBD (entre 4,4 et 5,5 €) pour 350 millilitres. “Pour le moment, la production de miel tourne autour de 4-5 tonnes par an et ne suffit pas pour répondre à la demande locale”, poursuit Rodney Suibaea. Malgré tout, le SISBEC anticipe une production de 10 à 15 tonnes d’ici 2020-2022. “Le miel pourra alors être exporté. Nous avons fait des tests et il y a un marché en Nouvelle-Zélande pour le miel des Îles Salomon.” Par ailleurs, ce miel est très apprécié au Japon.
“Le SISBEC va bientôt enregistrer tous les apiculteurs au sein du programme Australia New Zealand Bank GoMoney (une banque en ligne gérée avec une appli), ce qui va lui permettre d’acheter le miel aux producteurs à travers leurs comptes GoMoney. Le SISBEC va aussi mettre en place des lieux d’achat près des producteurs qui n’ont pas accès à des commerçants”, affirme Gabriel Hiele, manager du volet agriculture du RDP.
Les progrès les plus spectaculaires ont été réalisés par l’organisation Gizo Women in Business, qui réunit près de 300 agricultrices de l’île Gizo. Parmi elles, Janet Beri gagne désormais entre 42 800 et 48 150 SBD (entre 4 700 et 5 300 €) par an grâce à la vente de son miel. “Mon mari et moi sommes des villageois qui travaillent leur potager pour survivre”, raconte cette productrice, qui possède 10 ruches. “Maintenant, nous pouvons vendre du miel et répondre à nos besoins. Nous pouvons aisément payer les frais de scolarité au début de chaque semestre et envoyer notre fils, qui a quitté l’école il y a longtemps, suivre une formation sur le commerce dans un centre de formation professionnel.”
Notes de bas de page
[1] Le programme est soutenu par le FIDA, la Banque mondiale, la coopération australienne et l'UE.