Bio-innovation
Au Zimbabwe, un organisme de recherche identifie des espèces végétales locales sous-exploitées pour les transformer en produits alimentaires et cosmétiques.
Plus de 4 000 petits agriculteurs des zones arides du Zimbabwe tirent des revenus de la vente de plantes autochtones sous-exploitées. En récoltant, en transformant et en conditionnant 15 espèces végétales comestibles et non comestibles, les agriculteurs locaux – en majorité des femmes – bénéficient d’opportunités d’emploi auprès de Bio-Innovation Zimbabwe (BIZ). Ce centre de recherche à but non lucratif achète leur récolte de plantes sauvages pour les transformer en produits alimentaires et cosmétiques, vendus sur les marchés locaux et internationaux.
Le Zimbabwe abrite de nombreuses espèces végétales résistantes à la sécheresse et possédant de grandes capacités d’adaptation. Le baobab, par exemple, est une espèce d’arbre robuste qui pousse dans des régions très arides du pays et qui est utilisé dans plusieurs produits phares de BIZ, tels que la poudre de baobab, la confiture et de l’huile pour les cheveux. “En 2012, un an après avoir commencé à récolter des baobabs, j’ai pu acheter une pompe à eau, que j’utilise dans mon jardin pour arroser les plants de maïs, de haricots et d’autres légumes que je vends à la communauté”, explique Marcia Matsika, une mère de six enfants originaire de la province du Manicaland. “Ces cultures maraîchères me permettent de gagner 300 dollars RTGS (50 €) supplémentaires par mois.”
“Nous transformons entre 12 et 15 espèces différentes”, indique Gus Le Breton, CEO de BIZ. “À travers notre autre société, B’Ayoba, nous avons dispensé des formations, sous-traité des activités et accordé une certification biologique à 4 500 producteurs de baobab… Si l’on tient compte du fait que le ménage moyen au Zimbabwe se compose de cinq personnes, cela concerne 20 000 personnes, et ce pour une seule variété de plante !” BIZ transforme également d’autres espèces végétales autochtones, comme les pois bambara, l’arbre marula, les noix mongongo (arbre manketti), la plante de la résurrection, l’oseille de Guinée, l’arbre à saucisses (kigelia), les melons sauvages et le ximenia.
Selon Gus Le Breton, les cueilleurs gagnent environ 90 € par saison grâce à la vente des fruits du baobab. “Ce n’est pas beaucoup d’argent, mais c’est tout de même la plus grande source de revenus dans les zones arides et pauvres, où les opportunités économiques sont rares. Parmi les 4 000 travailleurs qui se chargent de ces récoles, les 150 ouvriers que nous employons dans nos centres de transformation gagnent entre 500 et 1 000 dollars US (soit entre 445 et 890 €) [par saison], ce qui représente des revenus importants.”
BIZ vend la plupart de ses
produits sur les marchés américains et européens, où la poudre de baobab coûte 10 €
par kilo environ et les huiles de graines hydratantes 25 €/kg, mais les
ventes locales peinent à décoller à cause de l’image négative des ressources
indigènes. “Le principal obstacle qui entrave le développement de cette
industrie à l’échelle locale est l’absence de marché, mais le marché
international va se développer”, estime Gus Le Breton.