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Commerce équitable : les producteurs de café et de cacao en profitent-ils ?

Commerce et marketing

Grâce à des modèles de commerce équitable, les caféicultrices d’Afrique ont accès à des marchés éthiques et des revenus durables.

© Georgina Smith/CIAT

De plus ne plus d’entreprises adoptent le label “Fairtrade” – ou des modèles commerciaux similaires – afin d’améliorer les conditions sociales et les revenus des producteurs. Les agricultrices en profitent-elles ?

Depuis la chute mondiale d’un tiers des prix du cacao en 2016/2017, un cultivateur lambda d’Afrique de l’Ouest ne touche plus que 6 % de la valeur du produit final et doit vivre avec 0,85 € par jour, selon la Fairtrade Foundation. La situation est pire pour les agricultrices, qui assurent la majeure partie du travail mais possèdent rarement la terre qu’elles cultivent, ont moins de droits et reçoivent donc une part encore plus petite des bénéfices.

Plus lucratifs, les processus de transformation du café se déroulent aussi en dehors des pays producteurs d’Asie, d’Amérique du Sud et d’Afrique subsaharienne. Certaines multinationales européennes et américaines de l’alimentation touchent 40 % de la valeur de chaque tasse de café, tandis que 25 millions de familles de producteurs se partagent 12 % seulement. Dans ce contexte, comment accroître les revenus des producteurs de cacao et de café, et prendre en compte les droits des agricultrices ?

Investir dans les coopératives de cacao

La principale entreprise internationale de chocolat équitable, Divine Chocolate, appartient à 44 % à la coopérative ghanéenne de producteurs de cacao Kuapa Kokoo, dont plus d’un tiers des 85 000 membres sont des femmes. Divine Chocolate consacre 2 % de son chiffre d’affaires à des programmes de microfinance pour renforcer les capacités des agricultrices. Les femmes sont ainsi plus à même de signer des contrats de travail, de négocier les prix et d’enregistrer des transactions. “Il est particulièrement important que les femmes profitent des avantages de s’organiser en coopérative et puissent suivre des formations pour renforcer leurs compétences, notamment en matière de culture du cacao, afin de gagner un revenu plus élevé et de pouvoir l’économiser et l’utiliser judicieusement”, affirme Fatima Ali, présidente de Kuapa Kokoo.

En septembre 2018, Divine Chocolate a lancé, en Scandinavie, une nouvelle gamme de barres de chocolat noir de haute qualité. Celles-ci sont fabriquées à partir de fèves de cacao de São Tomé, où l’entreprise collabore avec la coopérative CECAQ-11, dont les 1 135 membres – 393 femmes –touchent la prime Fairtrade de 176 € en plus du prix du marché par tonne. Le nouvel accord “contribuera à redynamiser l’industrie du cacao grâce à des relations à long terme et un accès au marché pour les cultivateurs de cacao”, veut croire le directeur de CECAQ-11, Adalberto Luis.

En Côte d’Ivoire, la coopérative de producteurs de cacao CAYAT – certifiée “commerce équitable” – produit plus de 8 000 tonnes de cacao chaque année et en vend une partie à de grandes marques de chocolat équitable, comme KitKat. Sous l’égide de l’agricultrice Awa Bamba et grâce à la prime Fairtrade, de nombreuses femmes ont pu monter leur propre entreprise de culture de fruits ou de légumes et générer ainsi des revenus supplémentaires. Awa Bamba encourage aussi la diversification, à travers l’élevage de volailles et la production d’œufs. Cela permet aux femmes de gagner en moyenne 25 000 francs CFA (38 €) de plus par mois, compense la volatilité des prix du cacao et garantit un revenu entre les récoltes.

Café de spécialité

Pour assurer des moyens de subsistance durables aux communautés de caféiculteurs du Kenya et de Tanzanie, Vava Angweny a fondé Vava Coffee à Nairobi (Kenya) en 2009. L’entreprise est désormais mondialement reconnue pour ses cafés de qualité supérieure, ainsi que pour son impact social.

Vava Coffee rémunère ses fournisseurs de fèves de café – 30 000 petits exploitants – davantage que le prix du marché, faisant ainsi passer les revenus qu’ils tirent du café de 222 € à 338 € par an. En associant directement les petits producteurs aux marchés demandeurs de traçabilité et d’éthique, ce modèle offre aux agriculteurs des moyens de subsistance durables. Vava Coffee exporte vers des acheteurs européens et américains, et a récemment développé un service de vente directe aux consommateurs, qui permet de vendre de plus petites quantités. En 2018, Vava Angwenyi a lancé la première gamme de café certifié “commerce équitable” de l’entreprise. Ce café est produit par les membres de deux coopératives de caféicultrices à Wangumape Microlot et Geoglad Estate, dans la vallée du Rift.

En 2017, Elizabeth Nalugemwa a fondé son entreprise sociale Kyaffe Farmers Coffee dans le district de Mpigi, en Ouganda. “Nous achetons notre café à 50 coopératives composées de 1 500 agriculteurs de deux régions productrices du pays et leur offrons un prix équitable”, explique Elizabeth Nalugemwa. L’entreprise forme les femmes à la culture de café de haute qualité et biologique, qu’elles transforment en produit fini, de marque, et vendent au consommateur final dans des foires commerciales, lors d’événements et sur des marchés locaux. Le fait de vendre directement aux acheteurs permet aux producteurs d’augmenter leurs marges. Selon Elizabeth Nalugemwa, l’éducation et la formation agricole sont essentielles pour que les petites exploitantes puissent utiliser efficacement leurs ressources et bénéficier de revenus durables et plus élevés sur le long terme.

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