Transformation
En s’attaquant à un problème de pertes post-récolte, le jeune Aldred Dogue a découvert le marché des légumes prêts pour emploi. Son entreprise Africa Foods Mill répond à une demande croissante.
À Cotonou, Aldred Dogue, 23 ans, est déjà un petit prince des condiments. Son entreprise, Africa Foods Mill, créée en mai 2017, commercialise des légumes frais nettoyés, découpés et surgelés prêts pour emploi, dans une vingtaine de supermarchés. “Mes clients sont surtout des gens qui travaillent, qui font leur courses dans les supermarchés et qui ont un certain pouvoir d’achat”, confie Aldred Dogue.
Déterminé, le jeune entrepreneur se donne le temps de réaliser ses ambitions. “J’ai commencé avec la carotte, le haricot vert et le chou. J’ai réalisé des prototypes de produits que je suis allé proposer à des supermarchés”, explique-t-il. “À mes débuts, je transformais à peine 200 kilos par mois.”
Deux ans après son lancement, Africa Foods Mill transforme chaque mois près de deux tonnes de légumes achetés auprès d’environ 300 petits agriculteurs regroupés dans quatre coopératives. “Nous avons un contrat. Je suis un client régulier pour ces agriculteurs. Je ne travaille qu’avec eux. On s’entend sur un prix qui les arrange et qui m’arrange”, indique Aldred Dogue.
En parallèle de ses études en nutrition et technologies alimentaires à l’Université d’Abomey-Calavi, Aldred Dogue travaillait avec des agriculteurs, qui lui ont demandé de les aider à réduire leurs pertes post-récolte. “J’ai fait une étude de marché et j’ai réalisé qu’il y avait un potentiel pour des légumes prêts pour emploi”, explique le jeune entrepreneur, qui a commencé en achetant à ces producteurs leurs légumes invendus pour les transformer. “Même si leur problème de commercialisation n’est pas résolu à 100 %, je pense que je suis une solution sûre pour eux.”
Aldred Dogue compte déjà plusieurs distinctions nationales et internationales. En août 2017, soit trois mois après le lancement d’Africa Foods Mill, il a décroché un prix de la Chambre de commerce du Bénin, accompagné de 500 000 FCFA et d’une aide à travers un cabinet comptable pendant six mois. En 2018, il s’est vu décerner le prix Anzisha d’une valeur de 7 500 USD (6 800 €). Avec ces aides matérielles et techniques, il espère faire prochainement construire sa propre usine.
Aldred Dogue ne perd pas de vue les défis qui lui restent à relever. “Je n’ai pas encore l’emballage que je souhaite avoir. Quand je compare avec des produits importés, je trouve que ce n’est pas encore ça. L’objectif est de pouvoir rentrer en contact avec une société qui pourra me fournir des emballages qui valoriseront au mieux mes produits”, assure-t-il.
Dans un avenir proche, Africa Foods Mill espère
mobiliser environ 280 000 USD (253 600 €) pour l’installation de son usine. “Actuellement, nous faisons presque tout
manuellement, donc le rendement n’est pas encore à la hauteur de la demande. Je
veux aussi pouvoir commencer à transformer les fruits comme la mangue, l’ananas
en fruits séchés et en jus”, explique Aldred Dogue. Il ambitionne
ainsi d’entrer sur le marché nigérian avec ses légumes dans les cinq prochaines
années. “J’ai prévu d’acquérir des camions frigorifiques
pour cela. Et au bout de 8-10 ans je répliquerai mon modèle dans d’autres pays."