Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) confirme sa fermeture pour la fin 2020.

Irene Ochem : Utiliser la technologie pour combler les inégalités de genre dans l’agrobusiness

Dossier

 

Interview avec Irene Ochem

Fondatrice et PDG du Forum pour l’innovation et l’entrepreneuriat des femmes en Afrique (AWIEF), Irene Ochem explique comment le programme du CTA VALUE4HER utilisera la technologie numérique pour aider les femmes.

Quelles sont les principales compétences participant à la réussite des femmes chefs d’entreprise ?

Pour réussir en tant que chef d’entreprise, il faut avoir le bon état d’esprit : être ouvert au changement, vouloir apprendre, persister dans ses objectifs et être résilient. Le monde des affaires est très exigeant, en particulier pour les start-up. Comme de nombreuses femmes propriétaires d’entreprises manquent de confiance en elles, nous essayons de les aider à prendre conscience de leurs réussites.

Il est aussi important d’avoir une culture financière. Malheureusement, beaucoup de jeunes femmes d’affaires doivent apprendre à mieux gérer leurs finances et flux de trésorerie. Ce sont quelques- unes des compétences essentielles qui favoriseront la réussite des femmes chefs d’entreprise.

Pourquoi avez-vous décidé de travailler en partenariat avec le CTA pour le programme VALUE4HER ?

En Afrique, elles produisent, en tant qu’agricultrices, main-d’œuvre ou entrepreneuses, la plupart des aliments que nous mangeons. Toutefois, leur participation aux secteurs agricole et agroalimentaire est généralement informelle, méconnue et insuffisamment financée. Elles ont un accès limité aux informations, technologies, moyens productifs, ressources (dont les terres), financements et réseaux. Ces ingrédients sont pourtant nécessaires pour réussir en tant que propriétaire ou chef d’une agroentreprise. Notre partenariat avec le CTA pour lancer le programme VALUE4HER est une occasion unique de combler ces insuffisances. VALUE4HER vise à renforcer la participation des femmes dans le secteur, à promouvoir leurs efforts en tant que propriétaires et chefs d’agroentreprise et à les aider à valoriser le secteur. Nous sommes donc fiers d’être partenaires de cette importante initiative.

Comment le programme utilisera-t-il la technologie numérique pour éliminer les obstacles que rencontrent les femmes travaillant dans l’agrobusiness ?

Le programme VALUE4HER utilise la technologie pour combler les insuffisances en matière de connaissances et d’informations, créer des réseaux entre femmes dans l’agrobusiness et faciliter leur accès aux marchés et financements. Nous nous efforçons de mettre en place une plateforme digitale, ou “eHub”, permettant aux femmes d’accéder aux informations, données et réseaux, de partager leurs expériences et d’échanger leurs connaissances pour dynamiser leurs agroentreprises. Cette plateforme fournit des informations sur l’approvisionnement, le financement, les marchés et les opportunités dans ce secteur. Par exemple, si vous cherchez à mettre un produit sur le marché et qu’une autre femme travaillant dans le secteur au Kenya a entendu parler d’une demande sur ce produit, la plateforme VALUE4HER peut vous mettre en relation.

Comment les responsables de l’élaboration des politiques peuvent-ils contribuer à garantir que les femmes bénéficient des opportunités offertes par la digitalisation en agriculture ?

Lorsque nous parlons de digitalisation en agriculture et des opportunités, la première responsabilité des gouvernements est de garantir que ces opportunités soient accessibles aux femmes. Il faut instruire celles-ci et leur faire prendre conscience des opportunités dont elles peuvent tirer profit, sur le plan numérique, pour créer une entreprise. Les gouvernements doivent investir dans des infrastructures et programmes de formation de TIC pour que les femmes bénéficient des technologies digitales. Un appui financier est aussi important. En veillant à la mise en œuvre de politiques intégrant la dimension de genre pour améliorer l’accessibilité des technologies digitales et l’utilisation des financements, les responsables politiques peuvent aussi agir pour garantir que les femmes bénéficient véritablement et équitablement de la digitalisation du secteur agricole.