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EcoFarmer : une plateforme multiservices favorisant l’inclusion financière

Dossier

Reportage du Zimbabwe

Le réseau mobile du Zimbabwe, Econet Wireless, fait mieux que développer la pénétration du mobile dans le pays. Il a créé à destination des agriculteurs une plateforme, EcoFarmer, qui offre une large palette de services – de l’assurance récolte à l’assurance obsèques en passant par le conseil – avec l’objectif d’augmenter leur productivité et d’atténuer les risques.

Ces dernières années, la plus grosse entreprise de services de télécommunications du Zimbabwe, Econet Wireless, a révolutionné les services de téléphonie mobile dans le pays en parvenant à plus de 97 % de pénétration du téléphone portable. Mais la révolution ne s’arrête pas là. Pour les agriculteurs, en plus de l’accès à Internet et à des solutions de paiement mobile, l’entreprise propose des abonnements à la plateforme mobile EcoFarmer, qui leur offre divers services, dont une assurance contre les intempéries, par le biais de SMS et de messages vocaux envoyés sur leur portable. La plateforme est spécifiquement conçue pour être accessible par les téléphones portables les plus simples afin que les clients les moins aisés puissent accéder aux services et les recevoir.

La plateforme EcoFarmer, créée il y a plus de trois ans, propose des micro-assurances innovantes permettant aux agriculteurs d’assurer cultures et intrants contre les intempéries comme les sécheresses ou les précipitations excessives. Par exemple, Econet s’est associé avec l’Union des agriculteurs du Zimbabwe (ZFU) – qui représente plus d’un million de ménages agricoles – pour offrir “ZFU-EcoFarmer Combo”. Pour un abonnement mensuel de 0,89 €, les agriculteurs membres de la ZFU reçoivent une formation aux bonnes pratiques agricoles, une assurance obsèques individuelle EcoSure (les personnes à charge peuvent être ajoutées moyennant un coût supplémentaire), des conseils pour la production de maïs ou l’élevage du bétail et une assurance indexée contre les intempéries qui couvre une mauvaise récolte de maïs pour une saison.

Elizabeth Tshuma, une productrice horticole et éleveuse de 67 ans basée près de la ville de Bulawayo, est abonnée à ZFU-EcoFarmer Combo. “J’ai par le passé eu des soucis avec la perte d’un membre de ma famille et le coût de ses obsèques. Mon abonnement à ZFU-EcoFarmer Combo a résolu ce problème”, déclare-t-elle. “L’assurance pour mes cultures est idéale, surtout avec la sécheresse de 2016 et l’excès de précipitations cette année”, ajoute-t-elle. Cette agricultrice – qui élève aussi des bovins et des chèvres, ainsi que des poules autochtones – explique que grâce au service d’EcoFarmer “Dial-a-Mudhumeni” (agent de vulgarisation), fourni en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, elle peut appeler gratuitement pour obtenir en temps opportun des informations et conseils pour ses cultures et animaux. Sa voisine, Magaret Gauti Mpofu, a décidé de souscrire à cette assurance quand elle a entendu d’autres agriculteurs parler des versements d’assurance obsèques d’EcoSure. Le service des informations agricoles et météorologiques est précieux pour cette agricultrice, qui sait que l’accès à de telles données peut grandement améliorer son activité.

Tous les agriculteurs peuvent s’inscrire librement aux services d’EcoFarmer sur leur téléphone portable, indique Douglas Mboweni, directeur général d’Econet. Ils doivent alors fournir des renseignements sur la localisation et le type de leur exploitation, sur lesquels EcoFarmer se fonde pour établir leur profil géographique et leur fournir des informations adaptées à leur zone agricole. Douglas Mboweni est convaincu qu’Econet favorise l’inclusion financière via EcoFarmer, car chaque agriculteur doit au préalable être inscrit à EcoCash (un outil de paiement mobile). “En tant qu’entreprise, nous sommes en train de perfectionner nos mécanismes de surveillance et de suivi afin de mieux mesurer et faire connaître notre impact dans l’ensemble du secteur”, déclare-t-il.

À services TIC exceptionnels, récoltes exceptionnelles

Le Zimbabwe, où plus de 70 % de la population dépend principalement de l’agriculture et plus de 60 % vit dans des zones rurales, est essentiellement une économie agraire. Les besoins sont donc diversifiés et étendus. De nouveaux services sont en cours de développement par Econet pour aider les agriculteurs à commercer, accéder à l’épargne depuis leur téléphone portable et recevoir des prêts ou d’autres produits d’assurance. L’objectif est que les agriculteurs puissent tirer le meilleur parti de leurs offres groupées antérieures comme EcoCash et EcoSure. “Econet détient la plus vaste couverture de réseau du Zimbabwe et, avec plus de 10,2 millions d’abonnés, nous avons conscience que le téléphone portable est un outil puissant pour transformer les moyens d’existence”, souligne Douglas Mboweni. “Nous avons aussi identifié le manque d’informations comme l’un des principaux problèmes des petits exploitants agricoles et nous nous efforçons avant tout de permettre à nos agriculteurs de recevoir des services de conseil aux exploitations sur leur téléphone portable.”

Pour interagir avec les agriculteurs, Econet travaille en étroite collaboration avec des organisations locales comme la ZFU et des ONG comme Mercy Corps afin de mobiliser les communautés. Une approche que les agriculteurs trouvent plus “personnelle”. L’engagement d’Econet avec des intermédiaires communautaires, généralement des personnalités reconnues et respectées, a contribué à alphabétiser et sensibiliser les agriculteurs, et les services sont proposés dans les langues vernaculaires. L’éducation numérique et financière des agriculteurs reste toutefois un défi à relever. “L’un des principaux enseignements de notre expérience est que l’éducation numérique et financière est cruciale pour que nos agriculteurs puissent comprendre et adopter les services Econet”, précise Douglas Mboweni. EcoFarmer compte plus de 700 000 agriculteurs inscrits, dont beaucoup sont abonnés à des offres spécifiquement adaptées. Ce n’est qu’un début, affirme-t-il : “Nous avons traversé les phases d’apprentissage et d’essai et prévoyons maintenant d’atteindre l’échelle opérationnelle qui permettra à nos services d’avoir un impact économique et social plus important sur nos agriculteurs.”