Météorologie
Formés à l’utilisation des services d’information sur le climat, les agriculteurs du Rwanda ont recours à de bonnes pratiques agricoles et sont préparés à d’éventuels bouleversements climatiques.
Afin d’améliorer la résilience des communautés agricoles face au climat, le Programme de recherche du CGIAR sur le changement climatique, l'agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) a lancé en 2016 Rwanda Climate Services for Agriculture (RCSA). Ce programme d’une durée de 4 ans, soutenu par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), cherche à améliorer l’offre, la communication et l’utilisation de services relatifs au climat dans l’ensemble du Rwanda.
Le programme RCSA s’appuie sur une initiative déjà en place, via laquelle l’Institut météorologique national du Rwanda combine des données de stations météorologiques locales réparties dans tout le pays avec des données satellitaires sur les précipitations et les températures. Ces dernières, qui couvrent les 30 à 50 dernières années, permettent de mieux comprendre les tendances climatiques à long terme. Ces informations sont ensuite compilées dans Maproom, une base de données sur le climat en libre accès qui fournit des informations sur les tendances en matière de températures et de précipitations aux niveaux national, régional et des districts.
En vue d’améliorer la diffusion des informations sur le climat et de renforcer la capacité des agriculteurs à utiliser eux-mêmes ces données, le programme RCSA a adopté l’approche des Services climatiques participatifs intégrés pour l'agriculture (PICSA), qui vise à aider les petits agriculteurs en ce qui concerne la planification et la prise de décision. L’approche PICSA commence par un atelier initial au cours duquel les agriculteurs évaluent leurs stratégies agricoles actuelles en prenant en considération les risques identifiés au moyen des données de Maproom. Les formateurs et le personnel de vulgarisation sélectionnent ensuite, avec les agriculteurs, les options de culture et d’élevage les plus adaptées à la situation particulière de chacun. En début de saison de croissance, les formateurs et le personnel de vulgarisation s’appuient sur les prévisions saisonnières pour mettre à jour les risques identifiés lors de la première évaluation et aider les agriculteurs à décider des ajustements nécessaires pour la saison.
La participation des agriculteurs à PICSA permet d’identifier et de répondre aux différents besoins propres à l'agriculture du Rwanda. Cette approche s’est avérée efficace à grande échelle : en avril 2018, environ 75 000 agriculteurs rwandais avaient suivi une formation à la méthode PICSA. Le projet a aussi permis de développer un réseau d’agriculteurs formés et à même de transmettre leurs connaissances à d’autres producteurs de leur communauté.
Une récente évaluation du projet a révélé que 93 % des participants à la formation interrogés ont ensuite modifié leurs pratiques agricoles. En appliquant les méthodes apprises – comme la plantation en fonction des prévisions météorologiques et l’utilisation de semences certifiées – Anathase Mudenge, un agriculteur du district de Bugesera, a multiplié par trois ses rendements. “Désormais, je détermine la date de plantation après avoir pris connaissance des prévisions saisonnières et je cherche toujours à utiliser des semences améliorées.”
Les bons résultats du programme RCSA lui ont valu le premier Prix du projet d’agriculture intelligente face au climat lors du dernier Sommet sur l’agriculture climato-intelligente en Afrique, au Kenya. Jim Hansen, responsable du programme phare du CCAFS intitulé “Services climatiques et Filets sociaux”, s’est félicité : “Des solutions innovantes comme PICSA ont permis de faire fonctionner à l’échelle nationale pour les agriculteurs des méthodes qui avaient seulement été testées de manière expérimentale.”