Tanzanie
Affectés par des sécheresses et inondations récurrentes et une série de mauvaises récoltes, les riziculteurs tanzaniens adoptent des pratiques d’agriculture intelligente face au climat. Avec succès.
En Tanzanie, les riziculteurs adoptent des techniques agricoles climato-intelligentes pour améliorer leurs rendements et réduire la dégradation de l'environnement. Dans le cadre d'un projet quinquennal, Strenghtening the Capacity for Climate Change Adaptation through Sustainable Land and Water Management (Renforcer la capacité d’adaptation au changement climatique grâce à une gestion durable des terres et de l’eau), les agriculteurs de la région de Morogoro, dans l’est du pays, adoptent des techniques innovantes pour prévenir l'érosion des sols et diminuer leurs besoins en eau et en bois. Lancé en 2016, le projet est géré par la Sokoine University of Agriculture (SUA), avec le soutien de la FAO.
Mwajuma Kassim est rizicultrice et l’une des bénéficiaires du projet mis en œuvre dans le village de Kidugalo, où plus de 3 000 agriculteurs ont adopté le système de riziculture intensive (SRI), une technique qui permet de cultiver plus de riz avec moins d'eau et moins de semences. La méthode consiste à repiquer des jeunes plants de 8 à 10 jours et non des plants de 30 jours, comme c’est habituellement le cas. Mwajuma Kassim explique qu’elle utilise moins de semis qu’habituellement et qu’elle maintient les plants alternativement au sec et dans l’humidité, au lieu d’irriguer les rizières, ce qui garantit une meilleure oxygénation des plants. Cette technique réduit la concurrence entre les plants, tout en permettant de contrôler les quantités d’eau que les différents plants reçoivent, afin qu’ils puissent se développer aussi bien en milieu humide que sec. Leur résistance à la sécheresse et aux inondations s’en trouve ainsi améliorée. Mwajuma Kassim affirme que sa récolte de 2019 sera sa meilleure depuis plus de 10 ans et qu’elle pourrait avoir lieu trois semaines plus tôt que d’habitude.
Dans ce même village, Mwanaidi Msungu cultive aussi du riz avec la technique SRI sur sa parcelle de 4 hectares. Elle explique avoir été la risée des autres agriculteurs lorsqu’elle s’est mise au SRI, il y a deux ans. “Ceux qui se sont moqués de moi me supplient à présent de leur apprendre cette technique innovante. J’ai récolté 57 sacs de riz en 2019, alors que j’arrivais à peine à 15 sacs avec la méthode traditionnelle”, confie-t-elle. Hamisi Jaka, 47 ans, qui utilise les compétences acquises pour prévenir l’érosion des sols dans son exploitation, a également adopté les techniques de gestion des terres du projet. À l’aide d’une houe manuelle, Hamisi Jaka confectionne des billons cloisonnés – ou fanya chini en swahili – pour ralentir l’écoulement d’eau venant de la colline. “Je ne crains pas du tout les inondations, le risque que les eaux noient mes récoles est minime”, assure-t-il.
Afin de lutter contre la déforestation et d’améliorer
la résistance au changement climatique, l’initiative encourage aussi les
agriculteurs à adopter pour la cuisson des fourneaux économes en énergie, plus
efficients et moins gourmands en bois que les méthodes traditionnelles. La
Tanzanie affiche en effet l’un des taux de déforestation les plus élevés
d'Afrique subsaharienne, avec environ 372 000 hectares de forêts détruites
chaque année, selon l'Évaluation des ressources forestières mondiales (2015) de
la FAO. “Malheureusement, beaucoup d’arbres sont abattus pour répondre à
l’augmentation de la demande en bois”, explique Godfrey Pyumpa, un ingénieur
des eaux du district associé à la mise en œuvre du projet. “Nous avons incité
les habitants de la région à planter des arbres, et ils ont répondu à notre
appel”, poursuit-il, indiquant qu’à ce jour environ 200 agriculteurs ont planté
4 308 plants d'arbres de différentes espèces.