Victory Gardens
La culture de potagers à faibles coûts aide les ménages malawites à diversifier leur régime alimentaire, à réduire leur dépendance au maïs et à améliorer leur résilience face au changement climatique, tout en gagnant du temps et de l'argent.
En 2016-2017, le Malawi a connu sa pire crise alimentaire depuis 30 ans. Sa production de base, le maïs, a subi un déclin de 42 % et de nombreux ménages n'ont pas eu de quoi se nourrir. Face à cette situation, une initiative lancée en juillet 2016 dans trois districts ruraux permet à 150 000 villageois d’éviter la famine.
S'inspirant de projets pilotes ayant porté leurs fruits dans d'autres pays, l’initiative Victory Gardens (“les jardins de la victoire”) promeut l'aménagement de petits potagers domestiques en utilisant des ressources locales et des techniques durables de permaculture et d'agriculture biologique. Au cours de la première année, plus de 100 conseillers en jardins villageois ont été formés par l'ONG Face to Face, qui organise des ateliers d'une journée dans les villages, avec 20-30 participants, et crée au moins un potager le jour de l'atelier.
Au village de Kazitenge, les résidus des cultures de maïs et de tournesol sont utilisés pour fertiliser la terre avant d'y cultiver des légumes. Les chefs du village ont entendu parler des nouvelles techniques pour la première fois lors d'une journée d’atelier destinée à présenter des pratiques agricoles durables telles que la perturbation minimale des sols, le recours aux connaissances autochtones pour lutter contre les nuisibles et les maladies, ou encore la conservation de l'eau et du sol, parmi les approches intelligentes face au climat. Après la démonstration, les villageois ont immédiatement commencé à aménager 52 potagers. D'après Maliselino M’ninga, le chef du village de Kazitenge, “ceux qui ne mettent pas en pratique ces approches sont aujourd’hui ceux qui ne parviennent pas à obtenir des légumes bio frais et nutritifs”.
Susan Manuel, 35 ans et mère de cinq enfants, a aménagé son potager en mars 2017. Elle mélange des résidus de récolte avec du crottin de chèvre pour faire un engrais naturel qu'elle dispose sur son potager avant d'y planter les graines. “Je récolte des légumes tous les jours sans dépenser d'argent. J'ai des haricots, des légumes chinois, des carottes, des feuilles de potiron, des patates douces et même des gombos”, dit-elle. Au lieu d'acheter des légumes, Susan consacre désormais ses économies à l’achat de produits de base pour sa maison et ses enfants, comme des livres scolaires. “Traditionnellement, les femmes devaient parcourir de longues distances pour trouver des légumes. Aujourd'hui, je suis chez moi, je fais les tâches ménagères et je n'ai qu'à sortir au jardin pour avoir des légumes”, ajoute-t-elle.
Jusqu'à présent, l'initiative Victory Gardens a touché 55 000 ménages qui mènent tous diverses initiatives de permaculture. D'ici fin 2017, il est prévu que 22 000 ménages supplémentaires (soit 100 000 personnes) bénéficient de potagers. Courant 2017, l'initiative est également étendue aux ménages ruraux du Mozambique et de Tanzanie.