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L’assurance-bétail gagne du terrain en Afrique

finance

Sur le continent, les gouvernements cherchent à protéger les pasteurs de l’impact des événements climatiques extrêmes au moyen de programmes d’assurance-bétail. Passage en revue de ceux qui fonctionnent.

Les pasteurs vivent des existences d’autant plus précaires que des événements climatiques extrêmes tels que les sécheresses peuvent menacer la survie du bétail – souvent leurs seuls biens et sources de revenus. Pour protéger les éleveurs de ces risques, les plans d’assurance comme le régime d’assurance du bétail du Kenya (KLIP), mis en place par le gouvernement en juillet 2014, commencent à faire sentir leurs effets. Ainsi la Banque mondiale et l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI), qui ont contribué au développement de ce programme, ont-ils été sollicités par plusieurs pays – Afrique du Sud, Mali, Mauritanie, Niger, Ouganda, Sénégal, Somalie, Zambie et Zimbabwe – qui cherchent à mettre en place leurs propres régimes d’assurance-bétail.

Quels éléments ces pays doivent-ils prendre en considération pour créer leurs propres régimes durables d’assurance-bétail ?

Penser à l’assurance indicielle

L’assurance basée sur un indice – par exemple, les températures ou la mesure des précipitations dans une zone – plutôt que sur un événement, comme la mort d’un animal, évite aux experts d’avoir à rendre visite aux éleveurs nomades. Cette assurance diminue le coût du produit, le rend plus facile à proposer au plus grand nombre et peut conduire à une amélioration des pratiques pastorales.

Par exemple, dans le cadre du projet d’assurance-bétail indicielle de Mongolie appuyé par la Banque mondiale, les éleveurs ont travaillé dur pour alimenter et maintenir en vie leurs animaux, même avec des températures si basses qu’ils étaient éligibles à des dédommagements compensant leur décès probable. Diego Arias, économiste en chef pour l’agriculture à la Banque mondiale, souligne que les systèmes d’assurance fondés sur la mort réelle d’un animal n’auraient pas eu cet effet.

Diego Arias indique aussi que les assureurs des Caraïbes semblent plus attirés par l’assurance indicielle déclenchée par une catastrophe, comme un ouragan ou un tremblement de terre, qui entraîne inévitablement des pertes pour les agriculteurs. Les dédommagements dans le cadre de tels régimes d’assurance contre les catastrophes pourraient éviter aux cultivateurs et aux éleveurs d’avoir à vendre des animaux en cas de cataclysme.

Le plan KLIP utilise les données satellitaires pour évaluer le niveau de la végétation disponible à la saison humide pour nourrir les animaux ; lorsque ce niveau descend en dessous d’un certain point, les agriculteurs reçoivent des indemnités pour acheter des aliments ou de l’eau ou payer des services vétérinaires pour maintenir le bétail en vie.

Faire intervenir des organismes agrégateurs

Pour que ces programmes soient durables, leur élargissement à un grand nombre d’assurés est indispensable, ce qui exige de sensibiliser les pasteurs pour lesquels l’assurance est un nouveau concept, indique Richard Kyuma, coordinateur du programme KLIP au sein du département d’État kényan chargé de l’élevage. Le KLIP assure à l’heure actuelle 18 000 ménages, soit 90 000 animaux. Il continue à sensibiliser davantage d’éleveurs aux avantages de l’assurance et devrait ainsi élargir sa couverture à 50 000 ménages d’ici fin 2018.

L’offre d’assurances par le biais de banques, négociants ou organisations d’agriculteurs, ou tout autre organisme agrégateur, devrait aussi favoriser l’élargissement des programmes d’assurance-bétail. Selon Caroline Cerruti, spécialiste financière en chef à la Banque mondiale, le KLIP étudie diverses options à cet effet puisqu’il se prépare à réduire ses subventions à partir d’avril 2018. Cette approche a déjà bien fonctionné avec le programme national d’assurance agricole du Kenya, qui prévoit une augmentation de 2 000 à 200 000 du nombre de ses polices d’assurance après une année de partenariat des assureurs avec des organismes agrégateurs pour vendre des assurances-récolte en combinaison avec des offres de crédit.

Cibler les ressources gouvernementales

Pour qu’un programme d’assurance-bétail fonctionne, il est essentiel qu’il reçoive l’appui du secteur public et privé, explique Andrew Mude, économiste en chef à l’ILRI. Même dans les pays développés, l’assurance agricole est souvent subventionnée. Selon Caroline Cerruti, pour que ce système soit durable, il faut toutefois que les subventions diminuent sur la durée. Le gouvernement kényan a initialement subventionné 100 % des primes des pasteurs contractées dans le cadre du KLIP, pour une couverture de cinq veaux par ménage. En 2018, des contrats complémentaires volontaires offriront aux ménages la possibilité de payer des primes pour couvrir cinq animaux supplémentaires.

Selon Diego Arias, les gouvernements dont les ressources financières sont limitées devraient, afin de soutenir l’assurance-bétail, axer davantage leur action sur la création de cadres légaux et réglementaires et la collecte des données nécessaires à une offre de produits indiciels ou sur le développement de systèmes d’information permettant l’analyse probabiliste. Les pays qui cherchent à mettre en place une assurance-bétail ont aussi besoin d’un secteur de l’assurance et de la réassurance relativement avancé et d’un cadre réglementaire favorable, souligne Caroline Cerruti.

Enrôler les bons assureurs et adapter le modèle

L’élargissement des programmes requiert la participation du plus grand nombre possible d’assureurs. Pour cette raison, Andrew Mude déconseille de travailler avec ceux exigeant l’exclusivité. La capacité des assureurs à offrir des dédommagements rapides est aussi cruciale, en particulier pour les produits visant à prévenir la mort des animaux d’élevage. Même au Kenya, où le marché de l’argent mobile est relativement avancé, certains paiements du KLIP dus en août 2017 attendent encore d’être versés, admet Richard Kyuma.

Pour qu’un programme d’assurance fonctionne, la prise en compte des risques auxquels s’exposent les assureurs et les sponsors gouvernementaux, ainsi que leur propension au risque et les ressources dont ils disposent, doivent être finement calibrées. Le même modèle ne conviendra pas à tous et, même si le KLIP semble déjà bénéficier aux pasteurs kényans, il est encore en cours d’élaboration. Les nouveaux pays intéressés doivent d’abord évaluer les risques particuliers auxquels sont confrontées leurs communautés de pasteurs, ainsi que leurs besoins, et cela prendra du temps.

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