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Réduire les risques : des technologies pour protéger les denrées agricoles

finance

La technologie blockchain sert à accélérer les demandes de prêts des propriétaires de kiosques de restauration au Kenya.

© EAtradehub

Les entreprises de technologie créent des applications et des services pour la protection, le suivi et la livraison sur le “dernier kilomètre” des produits agricoles, contribuant à réduire les risques liés à l’octroi de prêts aux agriculteurs.

Approvisionnement énergétique coûteux et irrégulier, manque d’installations de stockage, mauvais état des routes et méthodes de transport inadaptées… Pour les petits agriculteurs des zones rurales, acheminer leurs produits alimentaires jusqu’aux marchés et en obtenir un prix équitable est un parcours semé d’embûches. Résultat, leurs denrées périssables perdent de leur valeur avant d’arriver chez les transformateurs ou d’autres acheteurs. De plus, les difficultés pour suivre et enregistrer la position géographique, la qualité, le volume et le prix des produits permettent aux intermédiaires peu scrupuleux d’escroquer les producteurs. De nombreux agriculteurs se trouvent ainsi piégés dans une logique de subsistance, qui sape la confiance des prêteurs dans leur capacité à rembourser leurs emprunts.

Même quand les produits parviennent jusqu’aux acheteurs sans encombre, le caractère informel de la plupart des échanges empêche également les agriculteurs de tenir des registres des opérations fiables. Pourtant, ce type de registre leur permettrait de repérer les problèmes ou les possibilités de développement de leurs activités, mais aussi de prouver aux prêteurs qu’ils présentent un risque acceptable.

Refroidissement pendant le transport

En un an et demi, l’entrepris Savanna Circuit a contribué à supprimer bon nombre de ces obstacles pour plus de 800 petits producteurs laitiers regroupés dans six coopératives laitières au Kenya. Grâce à son application et son système MaziwaPlus de “refroidissement pendant le transport” alimenté à l’énergie solaire, ces producteurs ont connu une hausse de leurs profits et peuvent désormais tenir des registres des opérations fiables. Plusieurs producteurs laitiers se sont vus accorder des prêts, qu’ils ont utilisés pour développer leur entreprise ou acheter des intrants, explique Emmastella Gakuo, cofondatrice de Savanna Circuit.

Dans le système MaziwaPlus, le lait des petits producteurs est acheminé à moto jusqu’à leur coopérative dans des cuves en aluminium conçues et raccordées à des panneaux solaires. Ces cuves permettent de conserver le lait à une température de 5 °C environ pendant le trajet, avant qu’il soit réfrigéré à 3 °C à la coopérative. Le lait est également pesé et soumis à un test de pH lors de la collecte. Ces données sont automatiquement enregistrées dans l’application MaziwaPlus. Le producteur reçoit ensuite sur son téléphone portable un reçu électronique mentionnant le prix convenu – moins une commission partagée entre le producteur et la coopérative – quand le lait est vendu à un transformateur. Ce système électronique fournit aux producteurs un registre de production et un compte de résultat quotidien. Autant d’informations requises par les prêteurs pour calculer le score de crédit et, dans certains cas, la garantie.

Savanna Circuit a également organisé une seconde tournée de collecte du lait en soirée. Combinée à la diminution des pertes dues au déversement ou à l’altération du lait, cette collecte supplémentaire a aidé les agriculteurs à faire passer leurs revenus moyens d’environ 71 € par mois en octobre 2017 à 134 € par mois aujourd’hui.

Logistique B2B

Lancée en 2014, la plateforme logistique business-to-business (B2B) Twiga Foods intensifie ses activités visant à faciliter l’accès au crédit pour les agriculteurs et les vendeurs de denrées alimentaires au Kenya. Cette entreprise met en relation plus de 8 000 agriculteurs avec des vendeurs en facilitant la gestion de la récolte à la livraison finale aux commerçants, en passant par l’entreposage centralisé dans des installations de refroidissement et de mûrissement ultramodernes. Twiga Foods joue le rôle de grossiste et de fournisseur de services logistiques et offre ainsi aux agriculteurs un marché garanti pour leurs produits, ainsi qu’un mécanisme de fixation des prix transparent et des conseils agricoles. Toutes les transactions sont enregistrées par voie électronique, ce qui permet aux prêteurs de se faire une idée de la solvabilité de chaque agriculteur ou vendeur.

Twiga Foods propose des prêts sans intérêt pour l’acquisition d’intrants à des exploitations agricoles de taille moyenne et voudrait offrir ce service à plus grande échelle en nouant des partenariats avec des prêteurs qui leur proposeraient des prêts commerciaux à faible taux d’intérêt. L’entreprise collabore avec la Société financière internationale (SFI) et une banque commerciale en vue de lancer des prêts sur 18 mois destinés à couvrir (en partie) les coûts de 45 000 à 62 000 € nécessaires pour établir des exploitations agricoles de taille moyenne – dont Twiga Foods garantirait les ventes. Twiga Foods étant disposée à s’engager par contrat à acheter la production de ces exploitations à prix fixes jusqu’à plusieurs années à l’avance, elle assure une excellente prévisibilité de sa demande quotidienne, ce qui signifie que les prêteurs peuvent être optimistes quant au remboursement de leurs prêts, selon Grant Brooke, cofondateur et directeur exécutif de l’entreprise.

Du côté des vendeurs, Twiga Foods s’est associée avec IBM Research en 2018 pour proposer des prêts pour fonds de roulement basés sur la technologie blockchain à 220 propriétaires de kiosques de restauration au Kenya, dans le cadre d’un projet pilote de huit semaines. IBM a utilisé des algorithmes d’apprentissage automatique pour analyser les registres des achats provenant des appareils mobiles des vendeurs et créer ainsi un score de crédit de facto. La technologie blockchain a ensuite été employée pour accélérer la procédure de demande de prêt et de décaissement en toute sécurité. Twiga Foods affirme que les bénéficiaires des prêts sur 4 à 8 jours – surtout des prêts d’un montant de 25 à 30 € environ avec un taux d’intérêt de 1 à 2 %, qui ont servi à acheter du stock – ont pu accroître le volume de leurs commandes de produits de 30 % et leurs profits de 6 % en moyenne. En novembre 2018, Twiga Foods a levé des fonds pour près de 9 millions d’euros auprès d’investisseurs sous la direction de la SFI, et prévoit de s’étendre en Afrique de l’Est.

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Andrew Mwok, un producteur laitier dans l’ouest du Kenya, a pu obtenir un crédit pour la première fois grâce au registre des opérations de MaziwaPlus. En mars 2018, il a contracté auprès de sa coopérative locale un emprunt d’un montant de 100 000 KSH (887 €) – aujourd’hui remboursé – avec lequel il a acheté quatre vaches laitières, doublant ainsi la taille de son cheptel. Quelques mois plus tard, il a obtenu un autre emprunt de 320 000 KSH (2 837 €), par l’intermédiaire d’un programme subventionné par l’État, avec un taux d’intérêt de 10 % environ. L’éleveur a investi ce deuxième prêt pour créer une unité laitière, en achetant aussi de l’équipement et du fourrage. Il espère pouvoir emprunter cette somme plus importante auprès d’une banque commerciale d’ici mi-2019 pour couvrir ses activités laitières et développer davantage sa production.

Andrew Mwok, pour qui la production laitière était une activité de subsistance, explique que ses livraisons quotidiennes de lait sont passées de 50 litres à 170 litres et que sa ferme est désormais gérée comme une entreprise.

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