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La petite reine du chocolat bio ivoirien

Smart-tech et innovation

Dans une fabrique de Côte d’Ivoire, les fèves de cacao sont transformées en chocolat cru à la force des mollets, grâce à un vélo broyeur.

© Cyrille Bah

Environnement

En Afrique de l’Ouest, des technologies innovantes réduisent l’impact environnemental de la transformation du cacao et renforcent la résilience des agriculteurs face au changement climatique.

À Abidjan, en Côte d’Ivoire, un “vélo broyeur” permet de transformer des fèves de cacao pour produire environ 400 kg de chocolat par mois. Dans l’usine de chocolat cru Mon Choco, des fèves soigneusement triées sont versées dans un entonnoir fixé à un vélo et transformées en pâte à l’aide d’un broyeur actionné par des personnes qui pédalent. Après deux ou trois jours de broyage, on obtient une pâte de chocolat onctueuse, qui est ensuite refroidie dans des moules.

Mon Choco produit des barres de chocolat biologiques et écologiques, ce qui est rare en Côte d’Ivoire, où sont fabriqués très peu de produits finis à base de chocolat. “Nous sommes le premier pays producteur de cacao au monde et, pourtant, nous ne fabriquons pas de chocolat”, regrette Dana Mroueh, propriétaire de la chocolaterie. “Je voulais que les habitants de Côte d’Ivoire puissent goûter au chocolat de chez nous, avec des produits locaux comme le piment, le gingembre et la noix de cajou. Pour moi, c’était aussi une manière de valoriser le travail des planteurs, qui sont souvent oubliés.”

L’une des spécificités de Mon Choco est de ne pas torréfier les fèves de cacao brutes, ce qui donne au chocolat une saveur plus riche, presque fruitée. “Nous sommes des chocolatiers artisanaux, ce qui signifie que l’ensemble de notre processus est manuel, de la cabosse à la tablette de chocolat emballée. Utiliser du chocolat cru permet aux fèves de garder toute leur saveur et leurs propriétés nutritionnelles. Elles sont ainsi plus riches en protéines et antioxydants, et le goût est vraiment différent”, ajoute Dana Mroueh, qui s’approvisionne directement auprès de petits exploitants et sèche les fèves sur le toit de son usine, à Abidjan, ou dans son sèche-linge. “Nous réduisons au maximum notre consommation d’électricité pour avoir le moins d’impact possible sur l’environnement. Nous utilisons du papier recyclé quand nous le pouvons, des bocaux en verre et non en plastique, et un vélo qui nous permet d’économiser de l’énergie.”

En Côte d’Ivoire, la majorité des agriculteurs utilisent des produits chimiques et des insecticides. La production de barres de chocolat bio est donc onéreuse et, avec des prix autour de 2,30 € par barre, ce type de produit s’adresse principalement au marché européen. “À l’avenir, nous aimerions exporter nos produits vers d’autres pays d’Afrique, ainsi qu’en Europe et en Asie.”

Cacao intelligent face au climat

Pour aider à renforcer la productivité des cultivateurs de caco et améliorer la résilience face au changement climatique en Côte d’Ivoire et au Ghana, une plateforme baptisée CocoaCloud est en train d’être déployée à grande échelle. Cette plateforme génère, traduit et communique des informations essentielles sur le cacao – comme des prévisions météorologiques et des conseils agricoles basés sur la localisation – qui aident à prendre des décisions agricoles “intelligentes face au climat”. CocoaCloud soutient déjà 7 500 producteurs de cacao, vulgarisateurs et membres de la communauté en Afrique de l’Ouest, grâce à des formations et à des services d’informations météorologiques localisées. L’objectif est d’atteindre un million de producteurs de cacao au Ghana et en Côte d’Ivoire utilisant la plateforme d’ici 2024.

Les partenaires à l’origine de cette plateforme – le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), qui regroupe plus de 200 entreprises, et Opus Insights B.V. – ont appelé le secteur privé et les bailleurs de fonds à soutenir l’initiative d’agri-tech lors de la Semaine africaine du climat de l’ONU, à Accra, au Ghana, en mars 2019.

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