Des serres intelligentes
La surveillance à distance des serres permet à des petits producteurs kényans d’irriguer leurs cultures sans être présents sur place et d’améliorer leur qualité de vie.
Grâce à des serres et à des capteurs fonctionnant à l’énergie solaire et connectés à un système d’irrigation goutte-à-goutte, des agriculteurs kényans gèrent efficacement l’eau utilisée pour leurs cultures. Les capteurs, qui génèrent des informations envoyées par SMS sur les téléphones mobiles pour réguler la distribution d’eau, servent à surveiller la température, le taux d’humidité de l’air et du sol à l’intérieur des serres. Cette technologie demande moins de travail que l’irrigation manuelle et améliore le rendement des cultures. À l’origine de cette innovation : Illuminum Greenhouses, une société de technologies basée à Nairobi. Depuis 2014, elle a construit 1 200 serres dans toute l’Afrique de l’Est, permettant à 5 500 petits exploitants de bénéficier de cette technologie.
Les serres en bois et métal d’Illuminum Greenhouses protègent davantage les cultures des nuisibles et des maladies qui s’attaquent aux plantes cultivées à l’air libre. “Les serres permettent aux agriculteurs de cultiver des semences hybrides (de poivrons, concombres et tomates) qui offrent de plus longues périodes de récolte et des rendements jusqu’à quatre fois supérieurs en comparaison avec les semences plantées à l’extérieur. Cette énorme hausse des rendements obtenue sur de petites surfaces de culture avec des risques réduits d’exposition aux nuisibles et maladies se traduit par des revenus plus élevés pour les exploitants”, affirme Taita Ngetich, cofondateur et directeur d’exploitation d’Illuminum Greenhouses.
“Une serre métallique de 8 m sur 30 m équipée des technologies goutte-à-goutte, son installation et une formation à l’agriculture en serre coûtent en moyenne 4 500 dollars [4 000 euros], tandis que le revenu annuel moyen d’un petit exploitant est d’environ 2 000 dollars [environ 1 800 euros]”, précise Taita Ngetich. Pour que les agriculteurs puissent acheter une serre et évitent de devoir avancer toute la somme, l’entreprise a créé un mécanisme de financement d’actifs en prenant comme garantie la serre construite et les cultures produites. “Les agriculteurs avancent au maximum 20 % de la valeur totale, et nous échelonnons le remboursement en fonction de leurs cycles de récolte”, poursuit Taita Ngetich. “Nous avons démontré le bien-fondé de ce mécanisme en 2017 et 2018, quand nous avons construit des serres pour les agriculteurs en leur demandant seulement un acompte de 10 % et en récupérant l’équilibre sur toute la saison de récolte et sur 345 agriculteurs. Nous espérons maintenant toucher les institutions financières et le gouvernement afin de porter cette méthode à plus grande échelle.”
Par ailleurs, “nous avons commencé à construire une interface d’analyse en ligne accessible sur smartphone qui permettra aux utilisateurs de gérer directement leurs systèmes d’irrigation et leur offrira des informations pratiques sur les conditions de terrain et l’utilisation de l’eau, ainsi que des indicateurs d’avertissement, des diagnostics et d’autres données utiles”.
Les agriculteurs manquant d'historique financier, les partenaires prêteurs ont du mal à évaluer leur risque de crédit et hésitent à octroyer des financements. Pour y remédier, Taita Ngetich envisage une nouvelle approche d’évaluation du risque de crédit en mettant à profit la technologie d’Illuminum. “Même sans historique financier, en partageant les données sur les schémas d’irrigation, les rendements des récoltes par saison, le prix au kilo des produits récoltés, les tendances météorologiques et les données agricoles, nous pensons qu’une évaluation du risque de crédit peut être calculée.”
Illuminum Greenhouses a été l’un des quatre lauréats du concours AgriHack 2018 du CTA. Ces lauréats ont chacun reçu un prix de 7 500 €.