Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) confirme sa fermeture pour la fin 2020.

Un savoir-faire venu de Chine

Dossier

 

Reportage au Congo

Pour maximiser la production agricole, un centre chinois de démonstration des techniques agricoles vient d’être installé à Kombé, au sud de Brazzaville. Avec la volonté affichée de révolutionner les techniques de production pour les agriculteurs congolais.

À Kombé, une bourgade située à 17 km au sud de Brazzaville, le Centre de démonstration des techniques agricoles (CDTA) a ouvert ses portes en septembre 2012. Financé par la coopération chinoise (55 millions de yuans, soit environ 6 millions d’euros), il est aujourd’hui déployé sur 59 hectares. Son objectif ? La vulgarisation des techniques agricoles auprès des acteurs locaux. D’ores et déjà, dix experts chinois travaillent sur six variétés de manioc, 12 de maïs, 60 cultures maraîchères reparties en 24 espèces dont le chou de Chine, le piment, la pastèque, les légumes verts, les champignons…

En 2013, 120 producteurs agricoles âgés de 20 à 55 ans et provenant des 12 départements du Congo ont été formés au cours de sessions d’une durée de 20 jours. À leur tour, ces producteurs forment d’autres agriculteurs dans leurs départements respectifs. Les formations sont dispensées en chinois avec une traduction simultanée en langues congolaises (Kituba et Lingala). Composées de volets théoriques en salle et pratiques sur le terrain, elles ont notamment porté sur les techniques culturales du manioc, du maïs et les techniques maraîchères. Une façon pour les agriculteurs de faire évoluer leurs pratiques culturales. “Aujourd’hui, j’ai changé mes vieilles habitudes de plantation du manioc où la distance entre deux boutures n’était pas respectée, ce qui avait des incidences sur la production”, remarque Christian Tsama, formé par le Centre. De son coté, Georgette Maboumou, une autre stagiaire, constate qu’une fois la barrière linguistique levée “ces enseignements lui ont permis de comprendre avec des termes simples les origines de certaines plantes et leur cycle cultural”. L’accès des agriculteurs à la formation du CDTA se fait sur proposition du ministère de l’Agriculture et de l’Élevage. “Ils sont entièrement pris en charge”, précise Paul Rafael Ongouala, directeur général du CDTA.

Vitrine du savoir-faire chinois, ce centre de démonstration, à l’instar d’autres installés sur le continent africain, fonctionne en totale autonomie sans lien avec les centres de recherche locaux ou la politique agricole nationale. Selon le protocole d’accord signé entre la Chine et le Congo, le centre a une durée de fonctionnement de 15 ans, renouvelable. Dans la première phase de mise en œuvre sur trois ans, les experts chinois transfèrent leurs connaissances aux agriculteurs congolais. À partir de la deuxième phase, qui sera lancée en 2016 et devrait durer 12 ans, l’administration et la gestion du centre seront confiées à une entreprise d’Etat chinoise. L’accord stipule que la société n’aura aucun compte à rendre tant du côté des autorités chinoises que congolaises. Elle devra générer ses propres ressources pour son fonctionnement qui aura pour axes centraux l’exploitation agricole et le développement durable.

L’autonomie du centre est, certes, inscrit noir sur blanc dans l’accord mais c’est bien une entreprise d’Etat chinoise qui en détient les clés. Une façon pour la Chine de modeler l’évolution agricole d’un pays au potentiel important comme le Congo, avec des variétés de plantes, des techniques de production, des équipements, etc.

Côté congolais, “ce qui est intéressant [...] c’est la nouvelle chaîne de compétences. Elle permettra de relancer la recherche sur les segments de la production et de la productivité et ce, tout au long de notre chaîne de production alimentaire. Car, nous aussi nous aspirons à la souveraineté alimentaire”, déclare le Ministre congolais de l’Agriculture, Rigobert Maboundou. Aujourd’hui, alors qu’il n’est pas facile de trouver des financements pour d’ambitieux programmes de développement, la Chine représente une alternative précieuse pour le Congo.

Toutefois, un cadre du ministère congolais de l’Agriculture et de l’Élevage émet un bémol. Il considère que “la coopération sino-congolaise, bien assise au Congo, ne cadre pas avec les demandes des agriculteurs, car les projets sont conçus ailleurs et leurs sont ainsi imposés. Il faut certes apporter de nouvelles pratiques agricoles aux Congolais mais en se basant sur leurs différents besoins en formation”, estime-t-il, ajoutant “qu’en revanche, la coopération Nord-Sud est souvent participative avec un suivi. Ce qui est plus efficace”.