Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) confirme sa fermeture pour la fin 2020.
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Gestion professionnelle des coopératives agricoles

Coup de projecteur sur l’Afrique

Les “ventes parallèles” – lorsque des individus optent pour des bénéfices à court terme, aux dépens des objectifs collectifs de long terme – font obstacle au fonctionnement efficace des coopératives en Afrique. Une initiative menée par le CTA et des partenaires cherche à résoudre ce problème en améliorant la gouvernance des coopératives, afin d’augmenter les revenus des agriculteurs et la durabilité des communautés rurales.

Bien qu’étant, potentiellement, de puissants moteurs pour une production durable et une commercialisation collective, en Afrique, les coopératives ne parviennent pas à promouvoir l’entrepreneuriat rural et l’agrobusiness autant qu’estimé. Une statistique en dit long : quelque 40 % de l’ensemble de la production agricole au sein de l’UE sont vendus via des coopératives, alors qu’en Afrique cette proportion est de moins de 5 % – même si la moitié des villages ruraux du continent possèdent au moins une organisation de producteurs ou une coopérative.

Afin d’identifier les causes de cette occasion manquée, et trouver des solutions opérationnelles, le CTA a lancé un programme visant à former les décideurs, gestionnaires, formateurs, prestataires, responsables politiques des coopératives partout en Afrique. La formation est organisée autour de six principes de gouvernance d’ores et déjà adoptés par des coopératives agricoles prospères.

Entre mai 2016 et février 2017, trois rencontres sur le leadership des coopératives ont été organisées à Madagascar, au Malawi et en Ouganda afin d’étudier les difficultés rencontrées par 300 coopératives et voir comment l’approche des six principes peut les aider à mieux y faire face. Outre les formations, ces rencontres comprenaient des études et simulations, qui ont produit un ensemble de données détaillées sur les participants et leurs organisations, de même que de nouveaux efforts pour réformer les politiques et cadres légaux en vue du développement de coopératives d’agrobusiness.

“Les organisations coopératives sont répandues en Afrique rurale et contribuent à améliorer la productivité, la durabilité environnementale et la résilience sociale des ménages agricoles marginalisés et vulnérables”, indique Michael Hailu, directeur du CTA. “Mais, bien qu’elles aient un énorme potentiel pour améliorer les revenus des producteurs et promouvoir la croissance sociale, les coopératives agricoles africaines ont, à ce jour, largement échoué à faire émerger l’entrepreneuriat et l’agrobusiness.”

Une des raisons principales de la faible performance des coopératives africaines est le phénomène des ventes parallèles par les membres. Celles-ci impliquent que les producteurs rompent le contrat les engageant à ne vendre que via la coopérative, afin de bénéficier de prix plus élevés.

Profit individuel versus gains collectifs

“Lorsque les producteurs membres décident de vendre en parallèle – via des intermédiaires – ils sapent les capacités de leur coopérative à générer du capital social et financer ses propres opérations et services, comme on l’attend de toute entreprise viable”, explique le Dr Nicola Francesconi, conseiller senior au CTA. “Ce problème est particulièrement fréquent en Afrique, et affecte la santé des coopératives et les performances commerciales des agriculteurs.”

Dans la plupart des cas, l’élan de départ pour que les producteurs s’organisent en coopérative est défensif – il s’agit d’améliorer leur pouvoir de négociation et vendre leur production à meilleur prix. Mais, tandis que cette étape est relativement simple, le passage à des objectifs plus offensifs, comme ajouter de la valeur à la production et bénéficier d’économies d’échelle, peut être beaucoup plus difficile.

Les coopératives doivent tout à la fois convaincre leurs membres de s’engager dans la commercialisation collective et s’assurer de la régularité des volumes et de la qualité de la production. Offrir des prix élevés et des paiements rapides, voire immédiats, est essentiel pour que les producteurs puissent rembourser les dettes accumulées avant et pendant la récolte. Des sanctions strictes doivent être appliquées pour les membres qui ne respectent pas les règles et vendent à des concurrents. Mais surtout, une gestion plus professionnelle est le fait de coopératives plus efficaces et prospères.

Une gouvernance sur-mesure pour les coopératives africaines

L’une des raisons principales de l’échec des coopératives agricoles africaines à stimuler l’entrepreneuriat et l’agrobusiness est que les cadres politique et juridique sont souvent élaborés au niveau international, et ne sont pas adaptés aux réalités des coopératives de producteurs africaines.

Le programme en six points à la base de l’initiative de formation du CTA pour les coopératives cherche à améliorer la gouvernance à travers des principes adaptés de l’Alliance coopérative internationale (ACI). Les principes coopératifs de l’ACI sont universels, car rédigés pour être appliqués dans différents secteurs économiques, partout dans le monde. Le CTA et ses partenaires ont adapté ces principes universels spécifiquement afin de prévenir les ventes parallèles et dynamiser le marketing collectif dans les coopératives africaines. Les six principes qui en résultent sont :

  • Entrée réglementée – Même si le membership ouvert est un principe coopératif traditionnel, des mesures sont nécessaires pour s’assurer que les membres sont déterminés à vendre collectivement et que l’offre des membres ne dépasse pas la demande du marché.
  • Sortie encouragée – Les membres qui ne sont plus intéressés par la vente collective devraient recevoir des primes de sortie. Il vaut mieux avoir moins de membres plus engagés.
  • La démocratie a besoin de structure – Les décideurs et gestionnaires des coopératives devraient pouvoir anticiper les ventes parallèles des membres d’entrée de jeu, en consacrant temps, énergie et ressources à définir une constitution et un règlement adéquats.
  • Des investissements volontaires et négociables – Les membres devraient pouvoir choisir quels investissements faire à travers la vente d’actions et échanger les actions entre eux (avec l’accord du conseil d’administration).
  • Leadership visionnaire – Des incitations extérieures, primes et subventions, peuvent induire la déception des membres et les ventes parallèles. Un bon leadership est donc crucial, pour signaler ce risque et prévenir le développement d’un syndrome de dépendance.
  • Changement socio-économique – Une fois que la coopérative a répondu aux besoins sociaux initiaux de ses membres, elle doit être capable de changer et poursuivre des objectifs plus offensifs ou commerciaux, comme la commercialisation collective et l’ajout de valeur. Un objectif de la coopérative devrait être d’atteindre un équilibre dans son impact socio-économique.

Les résultats d’analyses approfondies menées lors des trois événements sur le leadership des coopératives suggèrent que, lorsque ces six principes de gouvernance sont appliqués et renforcés, les coopératives sont plus saines et les producteurs plus prospères.

Pour en savoir plus : https://tinyurl.com/y8gnohlz

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Promouvoir les alliances pour la transformation de l’agriculture

par

Présidente de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), le Dr Agnes Kalibata souligne l’importance du partage des connaissances et du développement de partenariats réalisés par le CTA, ainsi que la nécessité d’une alliance entre les parties prenantes pour augmenter l’impact de la numérisation de l’agriculture.

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