La Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde a créé un observatoire du soutien à l’agriculture. L’objectif de FARM est de fournir des indicateurs synthétiques et des éléments d’analyse pour comparer, suivre et évaluer l’efficacité des politiques agricoles menées, notamment en Afrique. FARM a présenté hier le premier rapport de l’observatoire, au cours d’une conférence, où s’est dégagé le constat que le continent a un grand défi à relever.
Concernée directement ou indirectement par la plupart des objectifs du développement durable fixés par l’ONU à l’horizon 2030, l’agriculture devrait beaucoup plus mobiliser les États et les bailleurs pour ce secteur vital aussi bien dans les pays du Nord que dans les pays du Sud. Jean-Christophe Debar, directeur de la fondation FARM.
« L’important pour nous c’est de poser les briques de cet observatoire mondial du soutien que l’on veut créer, pour pouvoir comparer, analyser puis échanger sur les politiques agricoles. Il y a déjà plusieurs messages qui commencent à émerger, par exemple que l’Afrique soutient peu son agriculture : on est à hauteur d’à peu près cinq fois moins qu’en Europe. »
Avec certains détails précis qui montrent que sur le marché international, les agriculteurs africains ne font pas le poids face à ceux du Nord. Kako Nubukpo, membre du conseil d’administration de FARM et Doyen élu de la faculté des sciences économiques de l’Université de Lomé – il prendra ses fonctions en octobre 2019 -.
« Les pays développés, en relation avec la valeur agricole ajoutée, soutiennent cinq fois plus leur agriculture que les pays en développement. Et quand on ramène au soutien par actif agricole, les chiffres sont encore plus impressionnants, puisqu’on voit que les États-Unis soutiennent 50 fois plus leurs agriculteurs qu’un pays comme le Sénégal et même 800 fois plus qu’un pays comme la Tanzanie. »
L’enjeu pour les pays en développement, spécialement en Afrique, est d’augmenter et de mieux cibler leur soutien à l’agriculture. Mais ils sont encore loin de pouvoir consacrer 10% de leurs dépenses publiques à ce secteur, un objectif fixé à Maputo en 2003 et reconduit à Malabo en 2014. Roger Blein, expert auprès de la CEDEAO, notamment sur les problèmes de stockage de sécurité alimentaire.
« Tout est prioritaire en Afrique et c’est très compliqué de faire une hiérarchie sérieuse entre des ultra-priorités. C’est pour ça que le débat doit porter sur la qualité de ces soutiens. Où est-ce qu’il faut les mettre pour soutenir vraiment la majorité des agriculteurs ? Sous quelle forme, là où ils peuvent être plus efficaces ? Est-ce qu’ils soutiennent vraiment le développement des agricultures, l’adaptation au changement climatique, la sécurité alimentaire ? »
Les experts de FARM indiquent que le volume de la production agricole en Afrique augmente faiblement, parce que la productivité a du mal à décoller. Ce qui fait que les agriculteurs perçoivent toujours des revenus très bas.