Le paiement par téléphone, également appelé le « mobile money », est l’innovation la plus importante de cette dernière décennie en Afrique. Créé au Kenya en 2007, le paiement par téléphone a bouleversé l’économie du continent africain, ses habitudes de consommation et de production.
C’est la révolution du XXIe siècle en Afrique depuis qu’en 2007, l’opérateur britannique Vodafone a créé M-Pesa, le premier système de paiement par téléphone au Kenya et en Tanzanie. La vie de centaines de millions d’Africains en a été bouleversée. Il existe aujourd’hui sur le continent plus de 135 services de « mobile money » et 340 millions de comptes. Omar Cissé dirige In Touch, une startup sénégalaise spécialisée dans le paiement numérique :
« Aujourd’hui en Afrique, on se retrouve avec un peu plus de 400 millions de dollars de transactions par jour. Et pour une fois, l’Afrique est au-devant de la scène. L’Afrique représente un peu plus de 54% du volume du "mobile money" mondial. »
Alors qu’à peine 20% des Africains possèdent un compte en banque, le « mobile money » a comblé un vide et permis à la majorité d’accéder aux services financiers. Mohamadou Diallo dirige CIO Mag, revue spécialisée dans les nouvelles technologies africaines :
« S’il n’y avait pas aujourd’hui le mobile, on n’aurait pas pu parler de commerce électronique en Afrique. Donc, je pense que ce sont un ensemble de services qui se sont mis en place et qu’aujourd’hui nous n’en sommes qu’au début de ce mouvement. »
Le secteur des assurances a profité pleinement de cette révolution, en atteignant plus facilement les consommateurs. Au Kenya par exemple, les agriculteurs assurent leurs récoltes grâce au « mobile money », comme l’explique l’expert Russel Southwood, fondateur du cabinet de consultant Balancing Act.
« L’un des secteurs en pleine croissance, c’est l’assurance des récoltes. Si pour une raison ou une autre votre récolte est mauvaise, vous pouvez être assuré, et vous ne risquez plus de tomber dans la misère. Il y a une statistique intéressante sur les fermiers kényans, 46% d’entre eux utilisent leur téléphone mobile pour accéder à des informations concernant leur métier. C’est intéressant de voir que ces technologies de services sur téléphone mobile descendent du haut vers le bas de l'économie, et ne sont pas seulement réservées à la classe moyenne. »
En accélérant la circulation monétaire le « mobile money » a développé les économies. De plus il a généré son propre écosystème de startups et de sociétés innovantes.
« Tout ceci a attiré des investissements et environ un tiers des capitaux investis dans les startups d’Afrique sub-saharienne en 2017, l’ont été dans les fintechs, explique Russel Southwood. Et principalement dans trois pays, le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud. »
La révolution n’en est cependant qu’à ses débuts prédisent les oracles de la nouvelle économie. L’enjeu des années à venir est de faciliter l’accès au crédit.
Olivier Rogez