Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) confirme sa fermeture pour la fin 2020.

Priorité au développement des compétences des femmes

Opinion

 

On sait que l’agro-industrie joue un rôle fondamental dans le développement économique de l’Afrique, où ce secteur représente 25 % du PIB et 70 % de l’emploi, selon la Société financière internationale. Étant donné qu’elles représentent 43 % de la main-d’œuvre agricole en moyenne dans les pays en développement, il est évident que les femmes, dans le cadre de leurs différents rôles, pourraient contribuer sensiblement au développement du secteur agricole en Afrique.

Si ce secteur est aux prises avec des difficultés, il constitue également un terreau fertile en termes d’opportunités et d’innovation, en particulier pour les nombreuses femmes qui y travaillent. Toutefois, il est manifeste que la croissance et le développement de l’agrobusiness nécessitent d’axer davantage les efforts sur l’instauration de conditions équitables pour les femmes et l’augmentation de la productivité et de l’impact des agro-entreprises dirigées par des femmes. L’une des méthodes pour y parvenir consiste à renforcer les compétences des femmes et à faciliter la collaboration.

Développer le sens des affaires

Lorsqu’il s’agit de se lancer dans le monde des affaires, la plupart des gens tirent naturellement parti de leurs compétences pour développer et alimenter leur entreprise. Ainsi, les femmes qui possèdent des compétences en informatique seront sans doute plus susceptibles d’utiliser ces compétences spécifiques pour développer une agro-entreprise offrant un service basé sur les TIC. Cependant, dans beaucoup de cas, les femmes actives dans l’agrobusiness possèdent certes une expérience technique ou agricole, mais ne disposent que d’une expertise commerciale. Leur compréhension et leur sens des affaires restent limités. Ce manque de compétences peut mener au développement de modèles commerciaux ou d’entreprises inefficaces et non viables, avec un potentiel ou une capacité d’agrandissement limité.

En offrant des possibilités de financement et de formation, des programmes de mentorat et un meilleur accès aux ressources et aux informations, les initiatives de renforcement des compétences peuvent aider les femmes à mettre sur pied des entreprises agricoles plus viables. Ce soutien peut prendre la forme de partenariats avec le gouvernement et de grandes institutions privées visant non seulement à améliorer les compétences des femmes, mais aussi à leur offrir différentes possibilités de développer leurs activités et d’améliorer leur offre, leur modèle commercial ou leur visibilité auprès d’acteurs importants qui peuvent faciliter leur développement personnel, ainsi que celui de leur entreprise.

Un bon exemple est l’entreprise que j’ai cofondée, Brastorne Enterprises, et les partenariats que nous avons encouragés pour soutenir notre plateforme mobile phare, mAgri. Il s’agit d’une application mobile de type USSD (service supplémentaire pour données non structurées) qui compte actuellement plus de 300 000 utilisateurs actifs et qui offre aux agriculteurs un accès aux informations, aux marchés, à des services de communication à faible coût et au financement. Notre succès a été possible grâce au soutien inestimable d’organisations internationales telles que le CTA et Orange, ainsi que d’organismes publics du Botswana qui collaborent étroitement avec les groupes d’agriculteurs, comme le ministère de l’Agriculture.

Ces organisations ont largement contribué à nous mettre en contact avec diverses compétences, possibilités et initiatives en matière de renforcement des capacités qui ont eu un impact important sur notre croissance. Par exemple, l’invitation du CTA à participer à son atelier ICT4Ag et au Social Good Summit en 2017 nous a permis de renforcer notre action dans d’autres pays africains. Il aurait été beaucoup plus difficile de saisir cette occasion si je n’avais pas été soutenue dans mon rôle de femme active dans l’agrobusiness à travers ces événements.

La collaboration est la clé

Lorsqu’on vient d’un pays à faible population, comme le Botswana, l’accès limité au marché est un problème fréquemment rencontré par les femmes dans l’agro-industrie, lesquelles ont toujours la volonté de se développer pour atteindre des marchés internationaux plus lucratifs et profitables. Je pense qu’il ne s’agit pas d’un problème propre au Botswana, mais d’une situation que l’on rencontre également dans divers autres contextes, dans différents pays africains. En tant que dirigeante d’une entreprise qui repose sur le travail collaboratif, je suis intimement convaincue que la collaboration et l’établissement de partenariats jouent un rôle clé pour aider les agro-entreprises dirigées par des femmes à avoir un impact plus durable et à améliorer leur accès à des marchés qui leur permettront de stimuler la viabilité et la croissance de leurs activités.

Bien souvent, les différentes offres des entreprises agricoles dirigées par des femmes peuvent devenir encore plus intéressantes si elles sont combinées. Il est nécessaire de reconnaître que les femmes peuvent constituer des points d’entrée mutuels dans de nouveaux marchés plus profitables en collaborant de manière stratégique pour élargir leur accès aux marchés. De plus, une approche collaborative encourage également le partage des connaissances, de sorte que les femmes chefs d’entreprise partagent entre elles des informations importantes sur le marché, ainsi que d’autres connaissances sur les affaires. Il est nécessaire de créer plus de plateformes visant à mettre les entreprises en contact et à renforcer les liens, ainsi que d’instaurer un environnement favorable et propice à ces précieux partenariats symbiotiques, afin d’aider davantage de femmes à réussir durablement dans l’agrobusiness.