Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) confirme sa fermeture pour la fin 2020.

Les banques doivent s’impliquer en faveur des femmes dans l’agriculture

Opinion

 

Comme les autres, les agroentreprises dirigées par des femmes doivent réunir un certain nombre d’éléments favorables pour réussir : disponibilité d’une main-d’œuvre, de matériel et d’intrants de qualité à un coût abordable ; disponibilité de terrains adaptés à la culture, à l’élevage ou à la transformation des produits ; assistance technique de la part de spécialistes ; des acheteurs financièrement solides proposant des prix compétitifs.

La capacité des agroentreprises dirigées par des femmes à obtenir les capitaux nécessaires pour obtenir des intrants de qualité aux strictes conditions du marché (par exemple, via des prêts accordés par des banques ou des fournisseurs d’intrants) constitue un problème de taille car les coûts de transaction et le risque de défaillance pour les prêts à ce type d’entreprises sont jugés importants. La première étape pour permettre la création d’agroentreprises fortes dirigées par des femmes est donc difficile à franchir. Peu importe si les autres aspects de l’entreprise – comme l’aide technique, la manipulation après récolte ou l’achat de la production en temps utile – sont parfaitement gérés, l’incapacité des agroentreprises dirigées par des femmes à planter à cause d’un manque de moyens financiers les maintient dans un cercle vicieux.

Les lacunes du financement inclusif

Les banques – au Malawi, elles représentent plus de 92 % des crédits officiels – semblent être à la traîne par rapport aux institutions de microfinance (IMF) et aux associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC) pour ce qui est de l’octroi de crédits aux agroentreprises de femmes. Malgré la contribution significative des IMF et des AVEC au financement des agroentreprises de femmes, il subsiste de toute évidence des besoins substantiels à combler. Ces sources de financement soulèvent également plusieurs questions :

  • les IMF disposent de fonds trop limités pour accorder des prêts importants ;
  • les femmes qui sollicitent seules des prêts importants ont besoin de garanties sous la forme d’actifs immobilisés ;
  • l’accord du mari est requis avant d’octroyer un prêt ;
  • le coût de ces prêts est nettement plus élevé que les taux d’intérêt pratiqués par les banques commerciales car les investissements dans des petites entreprises rurales présentent de gros risques pour les IMF et les emprunteuses n’ont pas d’autres options.

Si le montant des prêts est limité, il est peu probable que ces montants accordés suffisent pour financer les ressources et équipements nécessaires pour développer une agroentreprise, comme :

  • des machines pour pratiquer une agriculture mécanisée, transformer les aliments pour le bétail ou transformer divers types de produits agricoles ;
  • des infrastructures d’entreposage pour réduire les pertes après récole et faciliter le stockage centralisé de la production pour les achats groupés ;
  • les terres, la main-d’œuvre et les intrants nécessaires pour produire assez ou élever des animaux en grand nombre afin de faciliter l’accès aux marchés d’exportation ou aux grands acheteurs locaux.

Élaborer une solution sur mesure

Les chiffres disponibles montrent qu’au Malawi la plupart des banques disposent d’un excès de liquidités dont une petite part suffirait pour répondre aux besoins de financement supplémentaires des agroentreprises dirigées par des femmes. Il est donc essentiel que les banques développent des produits de financement qui permettent à ce type d’agroentreprises d’accroître leur production, de réduire les pertes et de mettre en place des marchés fiables pour leurs cultures et leurs produits. Les banques pourraient d’abord mettre l’accent sur la réduction des coûts et du risque de défaillance liés aux opérations avec des agroentreprises dirigées par des femmes, puis commencer à soutenir la chaîne de valeur de ces agroentreprises afin de permettre aux femmes d’apporter une valeur ajoutée maximale à leurs produits et ainsi d’augmenter leurs rendements.

Dès que les banques seront satisfaites des méthodes d’atténuation des risques proposées et appliquées avec succès par d’autres organismes, comme les IMF et les AVEC, et qu’elles commenceront à fournir des produits de financement adaptés aux besoins des femmes ou qu’elles développeront leur offre en la matière, elles permettront alors aux agricultrices d’améliorer leurs niveaux de production et leurs revenus. En retour, les banques pourront accorder de nouveaux prêts de manière rentable et étendre leurs opérations pour atteindre un niveau satisfaisant dans les zones rurales. Néanmoins, la dépendance actuelle vis-à-vis des IMF et des prêts solidaires continuera à limiter la croissance des agroentreprises dirigées par des femmes ainsi que, probablement, la rentabilité de leurs activités.