L’huile de palme a mauvaise presse dans les médias français et belges mais sa production est surtout méconnue de la plupart des consommateurs. Ceux-ci n’ont pas encore conscience du rôle joué par le palmier à huile dans le développement des pays africains dont il est génétiquement originaire.
La Côte d’Ivoire occupe en particulier le 5e rang mondial après l’Indonésie, la Malaisie, le Nigeria et la Colombie. C’est le 2e producteur africain et le secteur emploie plus d’un million de personnes. Cette culture est essentielle pour les petits producteurs locaux qui représentent 71 % de la production ivoirienne d’huile de palme (alors que le poids des petits producteurs est de 40 % dans la production mondiale). Le palmier à huile ne se cultive qu’en zone tropicale humide (partie sud de la zone forestière, d’est en ouest, jusqu’à une latitude nord de 20 km de Divo). Parce qu’elle n’est pas mécanisée, la culture du palmier à huile permet de créer de nombreux emplois manuels. En effet, depuis quelques années, avec l’explosion de la demande, cette dernière est devenue un véritable moteur de l’économie de quelques pays d’Afrique de l’Ouest. Faute de matériels végétaux appropriés, de formation technique adaptées et d’investissements, les rendements des petites plantations familiales sont bas : 7 tonnes/ha, soit trois fois moins qu’en Asie et la moitié de ceux des plantations industrielles. Les petits producteurs cultivent et vendent leurs récoltes aux industriels, mais ils possèdent aussi, en propre, de petites unités de production (unités villageoises) pour la transformation des fruits en huile. Leurs activités de transformation mobilisent toute la famille d’où l’importance de la culture du palmier à huile qui souvent constitue leur première source de revenu et plus largement celle des communautés locales.
Les faibles rendements des vergers suscitent chez les petits producteurs des volontés permanentes d’extension de leurs surfaces agricoles au détriment des forêts. Pourtant, d’après Melanie Bayo, directrice de CEFCA, ONG ivoirienne : « il est prouvé que les palmiers à huile en culture non-raisonnée réduisent de 90 % la biodiversité et apportent des intrants (pesticides, engrais) qui modifient l'équilibre des sols et des écosystèmes aquatiques. Cela engendre de réelles menaces sur la protection des écosystèmes dans les zones de production. Il est urgent de répondre à la demande croissante d’huile de palme (qui est par ailleurs essentielle à la consommation locale), et d’accompagner le gouvernement ivoirien dans son ambition d’augmenter la production de 50 % d’ici à l’horizon 2020.
À Rainforest Alliance, nous estimons que, pour éviter que des milliers d’hectares de plantation de palmiers à huile s’étendent au dépend des forêts, de la biodiversité et de territoires appartenant aux populations locales, il convient d’intensifier la production d’huile de palme sur des terres agricoles déjà dégradées et d’apporter des soutiens techniques pour régénérer les vieilles plantations, et améliorer la productivité des petits planteurs dans le respect de l’environnement ». Ainsi développons-nous la mise à disposition, auprès des planteurs, de matériel végétal performant, adapté aux zones agro-écologiques et tolérant aux maladies, ainsi que la formation des petits producteurs aux normes d’une Agriculture durable qui respecte les normes sociales et environnementales rigoureuses du Réseau pour une agriculture durable (Sustainable Agriculture Network, SAN).