Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) confirme sa fermeture pour la fin 2020.

Cultures OGM : ce que nous apprennent la nature et deux décennies de culture

Opinion

 

Le grand défi auquel fait face l'agriculture aujourd'hui est de doubler la production alimentaire mondiale d'ici 2050. Pour nourrir deux milliards de personnes de plus, nous devons utiliser toutes les ressources à notre disposition.

Nous ne disposons tout simplement pas d’un nombre suffisant de terres pour produire la nourriture additionnelle requise, nous ne voulons pas accélérer la destruction des habitats naturels pour libérer de nouvelles terres cultivables, nous n'avons pas les bateaux et les avions nécessaires pour transporter la nourriture des pays qui surproduisent vers les pays qui souffrent de la faim, et nous ne voulons pas accroître l'utilisation de pesticides et de fertilisants. Par contre, nous possédons des biotechnologies qui permettent de produire de nouvelles variétés à haut rendement plus résistantes au stress et plus efficientes en termes d’utilisation des ressources naturelles.

Couvrant actuellement plus de 13 % des terres arables de la planète, les cultures d'organismes génétiquement modifiés (OGM) contribuent déjà significativement à l'effort mené au niveau mondial pour améliorer la sécurité alimentaire et générer des revenus pour les pauvres en milieu rural. L'analyse des cultures OGM a révélé une réduction de l’utilisation de pesticides chimiques de 37 %, une augmentation des récoltes de 22 % et un accroissement des profits des exploitants de 68 %. Dix-huit millions d'exploitants agricoles à travers le monde, dont 90 % particulièrement pauvres en ressources, bénéficient déjà des cultures OGM. Après deux décennies de commercialisation, aucun impact négatif sur la santé humaine ou environnementale imputable aux cultures OGM n'a été prouvé scientifiquement. Les cultures OGM sont donc tout aussi sûres que les cultures conventionnelles. L'élimination progressive des cultures OGM ne ferait qu'aggraver le déficit alimentaire actuel, accroître l'utilisation de pesticides et de fertilisants, et accélérer la destruction de l'environnement naturel.

Seule une hausse de productivité venant combler le fossé entre les récoltes potentielles et les faibles récoltes réelles dues aux nuisibles, aux maladies, à la faible efficacité des nutriments et de l'eau, et aux variations climatiques abruptes peut accroître la production alimentaire. De nombreuses caractéristiques capables de combler ce fossé nécessitent des gènes issus d'autres variétés ou la modification de gènes existants. Ce phénomène se produit d'ailleurs naturellement depuis très longtemps. Il est apparu récemment que la patate douce, l'un des dix produits agricoles les plus cultivés au monde, qui est consommé depuis des milliers d'années par des milliards de personnes, a acquis des gènes bactériens et est donc désormais naturellement transgénique. Les génomes évoluent par mutations, éliminations, duplications et mouvements de blocs de gènes, ce qui signifie que les changements génétiques opérés par modification génétique sont minimes par rapport aux changements qui se produisent dans la nature.

La modification génétique permet de réaliser des améliorations génétiques bien plus rapidement, aisément et précisément que la sélection traditionnelle. Par exemple, nous avons récemment développé une patate zéro-fongicide en cinq ans environ, en introduisant trois gènes de résistance de variétés parentes sauvages. À titre de comparaison, il a fallu 45 ans pour intégrer un seul de ces gènes dans une variété qui n'est toujours pas complètement protégée du mildiou.

Au vu de ces bénéfices et des résultats des OGM en matière de sécurité, les technologies de modification génétique devraient être pleinement adoptées et utilisées intelligemment comme un instrument parmi d'autres pour parvenir à la sécurité alimentaire de manière durable tout en protégeant l'environnement naturel.