Les îles Salomon, un archipel du Pacifique Sud constitué de centaines d'îles appartenant au groupe des PMA (pays les moins avancés), détiennent d’abondantes ressources naturelles. Depuis son indépendance en 1978, le pays compte essentiellement sur ses ressources agricoles et forestières pour assurer sa croissance économique : les recettes d'exportation des matières premières provenant de l'exploitation forestière et minière ainsi que de l’agriculture et de la pêche sont les principales sources de revenus de l’archipel.
Face aux réelles possibilités de synergie et de complémentarité entre les secteurs de l'agriculture et du tourisme, l'agritourisme représente une nouvelle étape prometteuse pour le développement du pays.
S'adapter à l'évolution de la demande
Alors que les îles Salomon sont de plus en plus interconnectées à l'économie mondiale, la question du lien entre le tourisme et l'agriculture apparaît de plus en plus pertinente sur le plan politique. Dans le contexte de la diminution mondiale de la valeur des ressources primaires, le pays devra absolument tout mettre en œuvre pour assurer son développement et sa croissance économique dans les années à venir. La valorisation de l’offre et l’expansion de ces deux secteurs seront également essentielles pour que le pays puisse être compétitif au niveau international et s’adapter à l’évolution de la demande sur le marché mondial. En outre, dans le contexte de l’explosion démographique aux îles Salomon, il apparaît encore plus urgent que le pays diversifie ses activités en ne se limitant pas au développement des secteurs forestier, minier et de la pêche.
L’augmentation de la population exerce une pression toujours plus forte sur le secteur public, qui doit aujourd’hui absolument répondre aux besoins de développement de ses habitants. L'établissement de liens entre des secteurs clés comme celui de l’agriculture et du tourisme aidera le pays à diversifier son économie et à relever les nombreux défis qui menacent le développement et la croissance nationaux, tels que la mauvaise gouvernance, la stagnation économique et le développement non durable.
Une approche commune pour l’agritourisme
L’attrait actuel pour l’emploi formel a un énorme impact sur les moyens de subsistance alternatifs et les pratiques traditionnelles. Dans un jeune pays riche en ressources naturelles et fort d’un patrimoine culturel important comme les îles Salomon, les secteurs de l’agriculture et du tourisme peuvent être à la base du développement économique de l’archipel. En 2016, le pays a accueilli plus de 22 000 visiteurs, ce qui représente un chiffre d'affaires de 190 millions d'euros, et leur nombre devrait avoir augmenté de 9 % en 2017. Toutefois, afin de renforcer les liens entre les deux secteurs, le pays doit mettre en place un cadre stratégique national commun pour orienter le développement de l’agriculture et du tourisme et créer entre ces secteurs des liens durables. L’existence d’un cadre politique commun permettra également de synchroniser les politiques, de mettre en avant les complémentarités, d'améliorer la coordination entre les deux secteurs et de combler les lacunes majeures qui pourraient apparaître au niveau des politiques.
Pour être efficace, une politique d’agritourisme doit soutenir l'innovation, promouvoir le développement, réguler la chaîne de valeur et mettre l'accent sur la durabilité. Elle doit en outre reconnaître le rôle important des populations rurales dans le tourisme et l'agriculture et rapprocher ces communautés de l’économie commerciale. Les agriculteurs des zones rurales, les petits opérateurs touristiques et les entrepreneurs doivent en particulier pouvoir faire entendre leur voix et participer activement aux débats afin de favoriser l’émergence d’une politique pragmatique, réaliste et tournée vers l’avenir.
Œuvrer ensemble à la prospérité
Ces dernières années, l’amélioration du secteur touristique a été au cœur des discussions politiques aux îles Salomon. Les secteurs public et privé ont également consenti des efforts majeurs pour développer le secteur agricole et stimuler ainsi l'économie. Pour assurer le développement de l’agritourisme dans l’archipel, les décideurs politiques et les entreprises du secteur privé devront donc travailler de concert. Cette coopération est nécessaire pour que ce secteur émergent puisse avoir un impact positif sur l’économie nationale et connaître un développement prospère partout dans le pays.
En novembre 2017, les îles Salomon ont organisé, avec le soutien du CTA et d’autres partenaires régionaux, un atelier national d'agritourisme – une première étape vers la formulation d’une politique agritouristique nationale. Au cours de ces deux journées, les participants ont examiné la situation de l'agriculture et du tourisme dans le pays et exploré les domaines prioritaires dans lesquels ces deux secteurs pourraient s’apporter mutuellement des avantages en termes d'approvisionnement local, de valeur ajoutée, de diversification des produits et d'industrie culinaire. Les contributions de représentants du gouvernement, du secteur privé ainsi que de spécialistes de l'agriculture, du tourisme et du commerce ont mis en avant les conditions clés nécessaires au renforcement des liens entre les deux secteurs. L’atelier s’est aussi intéressé au rôle des chefs coqs dans le renforcement des liens entre l’agriculture et le tourisme grâce à la cuisine.
L'atelier a permis aux différents acteurs et intervenants d’apporter une contribution constructive et positive aux débats, jetant ainsi les bases de l'élaboration d'une politique qui contribuera à harmoniser les liens entre les secteurs de l'agriculture et du tourisme.