Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) confirme sa fermeture pour la fin 2020.

Canaliser les investissements vers l’agrobusiness

Opinion

 

Le continent africain est à la fois très riche et très pauvre. Depuis trop longtemps, la mauvaise gouvernance, la corruption et l’instabilité politique sont accusées d’en être responsables. Pourtant, l’histoire nous apprend que certains pays africains ont connu un passé prospère, comme c’est le cas du Nigeria, où les revenus générés par l’agriculture ont à eux seuls financé la construction des principales institutions et industries tertiaires.

La contribution de l’agriculture au passé, au présent et à l’avenir de l’économie africaine ne pourra jamais être assez soulignée.

Une révolution agro-industrielle dans le secteur agricole, dont bénéficie l’intégralité de la chaîne de valeur, a dans une certaine mesure réduit le taux de chômage et ravivé notre espoir d’atteindre la sécurité alimentaire en Afrique. Nous avons observé une transition d’autres secteurs de l’économie mondiale vers l’agribusiness parce que les sociétés de capital-risque voient désormais un important potentiel dans le secteur agricole. Les sociétés africaines de capital-risque doivent profiter de cette révolution de l’agribusiness et soutenir le développement de la chaîne de valeur en investissant dans les petits exploitants avec des innovations commerciales viables.

En Afrique subsaharienne, les petits exploitants gèrent 80 % des terres agricoles, mais des contraintes financières les empêchent souvent de développer leurs activités et de passer de l’agriculture de subsistance à la production commerciale. Aujourd’hui, investir dans de tels entrepreneurs et innovations représente un risque généralement considéré comme élevé. Cependant, il est de plus en plus reconnu qu’investir dans l’agriculture africaine peut générer rapidement des retours sur investissement – le risque vaut donc la peine d’être pris. De nos jours, les entrepreneurs innovants peuvent tirer profit du pouvoir d’Internet, des intrants agricoles améliorés et de machines innovantes pour combler l’écart entre l’offre et la demande de produits alimentaires. Mais, malgré leur succès croissant, les bailleurs de fonds ont toujours besoin de garanties, de la part des entrepreneurs agro-industriels, que leur investissement sera rentable. D’où la nécessité de mettre en œuvre des programmes qui aident les entrepreneurs agricoles à se préparer pour les investisseurs.

Renforcer les réseaux collaboratifs

Les sociétés africaines de capital-risque doivent commencer à nouer des partenariats étroits avec des organisations ou institutions qui offrent des services de renforcement des capacités et de mentorat aux jeunes entrepreneurs. Il est aussi important que les agripreneurs acquièrent de l’expérience sur le terrain avant de se lancer dans leur propre parcours entrepreneurial. Une telle expérience peut les aider à comprendre les défis qu’implique la gestion d’une entreprise agro-industrielle fructueuse, à valider leurs hypothèses et à devenir de meilleurs chefs d’entreprise.

Un agripreneur prêt à bénéficier d’un investissement devrait aussi être en contact avec un centre d’entrepreneuriat, comme Wennovation Hub, où il sera facilement mis en relation avec des instituts de recherche, pour avoir accès à des semis améliorés, et avec des organismes gouvernementaux en charge du régime foncier ou d’autres subsides (intrants, par exemple). Les centres d’entrepreneuriat devraient assister ces agripreneurs dans leur accès au marché et dans les processus de formalisation d’entreprise, afin de les préparer à attirer des investissements. Par ailleurs, les sociétés de capital-risque doivent comprendre que toutes les entreprises au long de la chaîne de valeur agricole ont besoin de temps avant de générer des profits et, par conséquent, qu’il est nécessaire de fournir des capitaux patients et des conditions favorables aux jeunes entreprises agro-industrielles.

Les success stories de l’agribusiness doivent aussi être partagées et célébrées. Les sociétés de capital-risque sont enviées dans le monde entier car elles sont des moteurs de croissance économique. Les sociétés de capital-risque africaines doivent reproduire les mêmes succès dans l’agriculture africaine, afin que nous puissions vivre la même croissance économique qu’ailleurs dans le monde.