Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) confirme sa fermeture pour la fin 2020.

Les données – à tous les niveaux – sont très précieuses pour la chaîne de valeur

Dossier

 

Directeur exécutif du Secrétariat GODAN (Données ouvertes mondiales pour l'agriculture et la nutrition), André Laperrière explique comment sensibiliser le public au potentiel des données agricoles et comment associer les décideurs politiques et les bailleurs de fonds à cet effort.

Quelle est la valeur ajoutée que le big data peut apporter aux agriculteurs en termes de rentabilité, de productivité et de renforcement de la résilience ?

Le big data est devenu très important. La recherche et de nombreuses initiatives de la société civile et du secteur privé ont permis de développer un certain nombre de produits et de solutions qui permettent aux agriculteurs de bénéficier de ces “données massives”, directement et partout, pour autant qu’ils aient une connexion Internet. Ceux qui bénéficient d’une connexion directe peuvent utiliser des applications spécialisées et conviviales utilisant massivement le big data. Ils peuvent ainsi recevoir sur leur téléphone des informations générales, comme des données météorologiques ou en rapport avec l’agriculture, ou alimenter eux-mêmes la source de big data. Par exemple, en cas d'infestation parasitaire ou de maladies des plantes, l’application permet généralement à l'utilisateur de prendre une photo. Quelques secondes plus tard, l’agriculteur reçoit un message identifiant le problème ainsi que des suggestions pour y remédier.

Quels sont les obstacles auxquels se heurte l'utilisation des données agricoles et quel en est l’impact pour les décideurs et les bailleurs de fonds ?

Au niveau de l'utilisateur final, de nombreux problèmes doivent être réglés pour qu’il puisse exploiter efficacement les données agricoles. Tout d’abord, les agriculteurs n’ont pas toujours accès à toutes les données qui pourraient leur être utiles. Ensuite, dans les régions reculées, l’accès en ligne aux données peut être problématique. À cela s’ajoutent les défis liés à la protection de la vie privée. Il faut donc trouver un équilibre entre l’exploitation d’un maximum de données et la nécessité de protéger la vie privée des agriculteurs, en garantissant la confidentialité des données. Il faut parvenir à une situation win-win, avec des bénéfices et des avantages tant pour les agriculteurs que pour les décideurs politiques et les bailleurs de fonds.

L'année dernière, la Déclaration de Nairobi, initialement signée par neuf gouvernements africains, puis par deux autres, a mis en avant le rôle des données sur la nutrition et l'agriculture dans la lutte contre l’insécurité alimentaire, et le fait qu’elles appartiennent au domaine public. Quelles sont les opportunités ainsi créées ?

Les gouvernements reconnaissent à présent que les données qu'ils recueillent sur leurs citoyens sont essentiellement financées par les contribuables et appartiennent par là même au domaine public. Leurs habitants en sont donc propriétaires. Ils reconnaissent également que les agriculteurs peuvent tirer de réels avantages des informations compilées par les chercheurs et les universitaires, également connues sous le nom de “données de haut niveau”, par exemple en termes d’amélioration des rendements et d’augmentation des bénéfices. Les données météorologiques et relatives au marché aident les agriculteurs à acheter leurs intrants au prix le plus bas possible et à obtenir le meilleur prix pour leurs produits. Les grandes entreprises sont constamment à la recherche de nouveaux fournisseurs, ainsi que de données sur l'efficacité et la résilience des petits producteurs pour les aider à prendre des décisions d'affaires éclairées. Et elles le font savoir à GODAN. Les données – à tous les niveaux – sont très précieuses pour la chaîne de valeur.

À l'avenir, que doivent faire GODAN et d'autres institutions pour améliorer la sensibilisation au potentiel des données agricoles ?

Pour GODAN, le défi est de faire en sorte que les agriculteurs aient accès à des données pertinentes, en temps opportun et dans un format adapté. À cette fin, nous coopérons avec un plus grand nombre de gouvernements en vue de mettre en œuvre des feuilles de route visant à faciliter la diffusion de ces données. Nous coopérons également avec le secteur privé afin de l’aider à participer à cet effort de diffusion indispensable des données, car celles-ci stimulent le développement des activités tout au long de la chaîne de valeur. Nous devons en outre continuer à élargir notre champ d’action. Nous travaillons déjà en partenariat avec quelque 760 organisations et gouvernements du monde entier, qui sont de plus en plus conscients de l'importance des données et de la nécessité d’en faciliter l’accès aux agriculteurs. Nous pourrions encore nous rapprocher de bien d’autres acteurs afin de les impliquer. Autant de raisons de poursuivre nos efforts de plaidoyer tout en continuant à coopérer avec les gouvernements pour inscrire ces efforts dans la durée.