Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) confirme sa fermeture pour la fin 2020.
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En Zambie, des “clubs” d’agriculteurs pour la résilience climatique

Dossier : Jeunesse

Reportage en Zambie

Pour inciter davantage de jeunes à se lancer dans l’agriculture, un projet financé par le CTA promeut l’adoption de l’agriculture intelligente face au climat (AIC) à travers des clubs de jeunes agriculteurs.

L’agriculture emploie près de la moitié de la population active en Zambie et, selon les estimations, le pays génère chaque année 733 millions d’euros grâce aux exportations de maïs, de sucre et de coton. Pourtant, l’âge moyen des agriculteurs se situe entre 45 et 55 ans. Reconnaissant qu’une meilleure participation des jeunes à l’agriculture est essentielle pour le développement économique et la sécurité alimentaire du pays, l’association Development Aid from People to People (DAPP) en Zambie a lancé le projet “Young Farmers’ Clubs and Hubs”à l’aide d’une subvention de 50 000 euros du CTA. Depuis, le projet a incité plus de 300 jeunes Zambiens à créer des entreprises agricoles climato-intelligentes.

Formation à l’AIC

“Young Farmers’ Clubs and Hubs”promeut l’entrepreneuriat agricole chez les jeunes Zambiens (entre 15 et 35 ans) des zones rurales en les réunissant dans des clubs où ils peuvent interagir, apprendre et pratiquer l’agriculture dans un environnement ludique et collaboratif. Le projet a créé 10 clubs, qui sont gérés par des comités exécutifs composés des jeunes eux-mêmes, avec le soutien d’un chef de projet de DAPP et les conseils techniques d’un vulgarisateur agricole.

Membre du Kalusa Young Farmers Club, dans le district de Chibombo, Marriam Hamunyemba (28 ans) a découvert des méthodes innovantes pour valoriser Moringa oleifera en le réduisant en poudre, qu’elle conditionne et vend pour ses vertus nutritionnelles et médicinales. À l’issue de cette formation, la vente des feuilles de moringa transformées lui rapporte désormais 175 euros par mois. “Rejoindre les clubs d’agriculteurs m’a ouvert les yeux, j’ai appris que je pouvais me débrouiller seule et générer des revenus”, explique Marriam Hamunyemba. “J’ai commencé à me passionner pour l’agriculture au cours des premiers mois de formation pratique. Les séances sur la culture et la transformation du moringa ont vraiment attiré mon attention et j’avais envie d’essayer.”

Le cas de Marriam Hamunyemba montre bien comment la formation dispensée par le projet a incité les jeunes à se lancer dans l’agriculture. DAPP a utilisé le projet “Young Farmers’ Clubs and Hubs”pour sensibiliser les jeunes des régions rurales à l’importance de l’AIC. Chaque club a reçu une tablette contenant des leçons sur l’AIC, qui sont partagées entre les jeunes. La formation est axée sur l’enseignement des pratiques d’agriculture de conservation, comme le travail réduit du sol, la rotation des cultures, la préservation des résidus de culture et la diversification de la production. L’adoption de ces techniques agricoles réduira non seulement les émissions de gaz à effet de serre, mais aidera aussi à assurer une meilleure efficacité des ressources et donc à développer la résilience climatique des jeunes agriculteurs.

Canaliser les ressources en eau

Outre les formations et la distribution de semences – entre autres intrants – le projet a fourni aux jeunes agriculteurs des pompes motorisées pour l’irrigation afin de leur permettre de cultiver toute l’année, malgré les sécheresses prolongées. Preston Kaluka (31 ans), agriculteur dans le village de Sichilongwe, dans le district de Chibombo, a rejoint 38 autres jeunes pour former un nouveau club de jeunes agriculteurs au début du projet, en 2016. Sa vie a changé le jour où les pompes à eau ont été introduites dans le jardin de démonstration de son club. “J’ai réalisé que je pouvais irriguer davantage de légumes et autres cultures pendant une brève période et tout au long de l’année, grâce au puits alimenté en permanence dans mon jardin”, explique-t-il. En six mois, ses revenus générés grâce à sa production de légumes et de maïs sont passés de 4 à 52 euros par semaine.

Alpha Kabamba, l’administrateur de la subvention à DAPP, précise que le projet répond aussi aux défis de la baisse de productivité agricole et du manque d’intérêt des jeunes pour l’agriculture. “Une fois que les groupes ont disposé d’une pompe à eau, tout a changé”, se réjouit-il. À la suite du projet, les jeunes se sont lancés dans l’AIC et ont accru leurs rendements de plus de 60 % en moyenne. Beaucoup ont aussi abandonné la monoculture, une pratique populaire en Zambie, et diversifient leur production en cultivant des arachides, du miel, des piments, du soja, des patates douces et du moringa.

En offrant aux jeunes des régions rurales l’opportunité de réaliser des profits à travers l’agriculture, le projet est parvenu à encourager les jeunes Zambiens à se lancer dans l’AIC. Comme l’indique Alpha Kabamba : “Les jeunes cherchent une source de revenus et sont prêts à soutenir n’importe quelle initiative pour peu qu’elle aille dans ce sens. Nous voulions leur permettre de gagner de l’argent grâce à la production agricole… En stimulant l’esprit d’entreprise, nous avons rendu ses lettres de noblesse à l’agriculture, afin d’attirer plus de jeunes dans ce secteur.”

Outre la formation à l’AIC, les jeunes ont également pu renforcer leurs compétences en marketing et apprendre l’importance de réaliser des économies afin de fonder des agroentreprises rentables.