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[Tribune] Pourquoi la Zleca va aider les agriculteurs africains

Revue de presse

Plantation d'huile de palme

© Nabil ZORKOT pour JA

Selon Ibrahim Assane Mayaki, la Zone de libre-échange ­continentale africaine (Zleca) aura des retombées positives sur le développement des échanges agricoles continentaux.

Lancée le 7 juillet à Niamey, la Zone de libre-échange ­continentale africaine (Zleca) a posé la première pierre d’un immense marché unique de 1,2 milliard d’habitants. Elle constituera une puissante incitation au développement des échanges intra-­africains, dont la part, estimée à environ 12 % du PIB continental, pourrait doubler d’ici à cinq ans. Les secteurs de l’industrie et des services s’attendent à des retombées positives très rapidement.

Sécurité alimentaire et changements climatiques

Mais en ira-t-il de même pour les agriculteurs ? Ce questionnement n’a rien d’anodin : l’agriculture contribue à 25 % du PIB du continent et occupe 60 % de sa main-d’œuvre. Même si cette proportion est appelée à diminuer en raison de l’industrialisation, ce secteur demeure le seul capable d’arracher un très grand nombre d’Africains à la pauvreté.

Or l’agriculture est confrontée à des défis considérables. Le premier d’entre eux est la sécurité alimentaire, avec la hausse programmée de la population du continent, qui doublera à l’horizon 2050.

Le deuxième, tout aussi prégnant, réside dans l’adaptation aux changements climatiques : l’Afrique doit développer une agriculture plus résiliente, plus durable, et prendre à bras-le-corps la question de la restauration des terres dégradées par une exploitation trop intensive. Enfin, il faut améliorer l’accès aux financements et aux crédits pour les agriculteurs.

À n’en pas douter, les transformations induites par l’entrée en vigueur de la Zleca auront des retombées extrêmement positives sur le développement des échanges agricoles continentaux.

Compétitivité accrue

Le décloisonnement des marchés, rendu possible par les mesures de facilitation du commerce et par le développement des infrastructures – les corridors intégrés –, aidera les agriculteurs à mieux écouler leurs productions. La formation de chaînes de valeur régionales et l’intégration de ces dernières aux chaînes de valeur mondiales enclencheront un cercle vertueux dont nous voyons déjà les prémices.

Deux ensembles économiques se distinguent : la Cedeao qui a le mieux réussi à accroître sa compétitivité sur les marchés mondiaux et le Comesa qui a renforcé sa compétitivité sur les marchés intra-africains

En effet, s’agissant des produits de base (seigle, orge, avoine, huile de soja, bétail, produits laitiers…), les exportateurs africains ont accru leur compétitivité sur la période 1998-2013. Plus encourageant encore : sur les marchés intrarégionaux, ces exportateurs ont enregistré des gains de compétitivité supérieurs à ceux qu’ils ont pu connaître sur les marchés mondiaux.

L’Égypte, l’Algérie ou l’Éthiopie ont réalisé des progrès remarquables. Globalement, deux ensembles économiques se distinguent : la Cedeao – la zone qui a le mieux réussi à accroître sa compétitivité sur les marchés mondiaux – et le Comesa [Marché commun de l’Afrique orientale et de l’Afrique australe], dont les membres ont sensiblement renforcé leur compétitivité sur les marchés intra-africains. Des dynamiques que la Zleca devrait consolider et amplifier.

L’ouverture aux importations du reste du monde doit se faire de manière graduelle et raisonnée afin de permettre à l’agrobusiness africain de se développer et de gagner en compétitivité dans ses marchés intérieurs avant d’être exposé à une concurrence internationale exacerbée. Si cette condition est respectée, le commerce des produits agricoles pourrait tripler d’ici à 2025 en Afrique.

Ibrahim Assane Mayaki

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