Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) confirme sa fermeture pour la fin 2020.

Améliorer la qualité des PPPs pour les agriculteurs

Opinion

 

Les professionnels du développement et les responsables politiques s’intéressent de plus en plus aux partenariats public-privé (PPP) et les intègrent à titre expérimental dans les chaînes de valeur agricoles. Ces PPP ont pour objectif de faire bénéficier les petits exploitants marginalisés de l’expertise du secteur privé et de leur offrir des débouchés commerciaux grâce à des chaînes de valeur de qualité. Mais ces partenariats apportent-ils des avantages concrets aux agriculteurs ?

Les recherches que j’ai menées sur quatre PPP – au Ghana (maïs), en Indonésie (cacao), au Rwanda (thé) et en Ouganda (huile de palme) –, tous financés par le Fonds international de développement agricole (FIDA), ont mis en avant des avantages incontestables. Ces PPP ont débouché sur plusieurs résultats positifs, comme de nouveaux investissements dans les régions démunies, un meilleur accès des agriculteurs aux intrants et aux financements, ainsi que des gains de productivité. Pourtant, malgré ces résultats, la plupart des petits agriculteurs étaient loin d’être convaincus par ces partenariats. Cela n’a sans doute rien d’étonnant à première vue, étant donné le manque de confiance entre les agriculteurs et leurs acheteurs. Pourtant, ce qui m’a vraiment étonnée, c’est de constater que le taux de satisfaction des agriculteurs était le plus faible dans le pays ayant enregistré les plus grands gains de productivité et les plus importantes hausses à court terme des revenus des ménages – l’Ouganda.

La conclusion à laquelle je suis arrivée est que la satisfaction des agriculteurs envers les chaînes de valeur n’est pas seulement influencée par l’existence de résultats tangibles, mais aussi par l’égalité de traitement dont ils estiment avoir bénéficié ou non, sur le plan de leur participation aux processus décisionnels au niveau de la chaîne et du comportement des partenaires de la chaîne à leur égard. Les éléments et principes suivants affectent cette égalité de traitement.

  • Transparence. La communication d’informations pertinentes – sur les procédures, plans et objectifs, en plus des informations sur les prix et les marchés – à des agriculteurs qui bénéficient d’une aide pour les exploiter. Un exemple positif est fourni par le PPP du Ghana, dans le cadre duquel les agriculteurs ont non seulement reçu des informations sur les prix, les budgets, les demandes de prêts et le choix des fournisseurs d’intrants, mais aussi le soutien d’une ONG afin de les aider à mieux comprendre ces données.
  • Communication bidirectionnelle et mesures de règlement des litiges. Une communication ouverte entre les agriculteurs et les acheteurs qui permet aux premiers de comprendre (et de contester) les décisions et aux seconds de mieux comprendre le contexte des agriculteurs. Des mécanismes de communication doivent également permettre aux agriculteurs de formuler des plaintes et des suggestions et faire en sorte que leurs préoccupations soient prises en compte. Au Ghana encore, des comités regroupant les chaînes de valeur du district se réunissent régulièrement. Ils offrent une plateforme d’échanges ainsi qu’un mécanisme d’arbitrage en cas de litige.
  • Accords informels mais fiables. Pour l’achat de cultures ou l’offre d’un soutien permanent. Ces accords garantissent la stabilité et la sécurité nécessaires et reposent sur la compréhension mutuelle. Contrairement aux contrats officiels (souvent utilisés pour imposer des conditions aux agriculteurs et non pour protéger leurs intérêts), ils ne posent pas de conditions et de limites aux agriculteurs. Au Rwanda comme en Ouganda, un engagement à long terme très concret a été pris par des entreprises, qui ont investi massivement dans des usines de transformation locales. En Ouganda, les conditions de remboursement de prêts inscrites dans des contrats mal compris par les agriculteurs ont été à l’origine de griefs exprimés par ces derniers.
  • Autonomisation des agriculteurs. Grâce au renforcement de l’action collective (au lieu d’une action ascendante, qui impose des conditions à l’organisation paysanne) et à une interdépendance accrue entre les agriculteurs et les acheteurs. Au Rwanda, même si les agriculteurs dépendent de l’usine de transformation, ils contrôlent la moitié des terres de culture du thé, d’où une interdépendance entre l’usine et les agriculteurs.

Lorsque ces principes sont intégrés dans les accords de PPP, les agriculteurs peuvent participer à la prise de décision et exercer un certain pouvoir dans les chaînes de valeur. Ces solutions ne sont pas simples à mettre en œuvre. Il faut toutefois préciser que les gouvernements qui coopèrent avec des entreprises et les soutiennent par le biais des PPP n’ont pas pour objectif de financer des investissements que le secteur privé aurait de toute façon consentis. Les PPP doivent améliorer la qualité des relations au sein de la chaîne de valeur et déboucher sur des avantages publics, qui n’auraient pas pu être produits par les seules forces du marché.