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Pour réussir, il faut une image de marque forte

Entrepreneuriat

 

Kasope Ladipo-Ajai

Kasope Ladipo-Ajai a cofondé OmoAlata, une entreprise de conditionnement alimentaire nigériane, en 2012. Sa firme, qui ambitionne d’exporter ses produits à l’international, a déjà bouleversé le secteur des aliments frais au Nigeria.

Titulaire d’une licence en informatique de l’université Babcock, au Nigeria, KasopeLadipo-Ajai a renoncé à un emploi salarié pour fonder sa propre entreprise. Six ans plus tard, OmoAlata fournit chaque semaine 500 à 700 sachets de condiments biologiques à des revendeurs de Lagos. Pour Spore, elle retrace son parcours.

Pourquoi avez-vous décidé de créer une entreprise de conditionnement alimentaire ?

Au Nigeria, la plupart de nos mets sont préparés à partir de produits alimentaires frais, ce qui demande beaucoup de temps. Les citadins occupés et les gens qui travaillent doivent souvent manger au restaurant parce qu’ils n’ont pas le temps d’aller acheter des aliments et de mixer tomates et piments. J’ai vécu cela quand j’étais salariée, et c’est ce qui m’a incitée à faire des recherches : j’ai commencé à imaginer OmoAlata.

Notre premier produit a été le mélange pimenté OmoAlata de tomates, oignons et piments frais mixés qui forment une pâte conditionnée et congelée. Nous avons démarré avec ce produit parce que les tomates et les piments entrent dans la composition des repas pratiquement partout au Nigeria. Bien qu’OmoAlata signifie “vendeur de piment”, l’entreprise conditionne dans les règles toutes sortes d’aliments consommés au Nigeria à l’intention des individus et des familles qui progressent dans l’échelle sociale – ceux qui sont intéressés par l’aspect commode des produits et acceptent de payer pour ça. Au final, ce que nous vendons réellement, c’est de la commodité.

Comment votre entreprise a-t-elle évolué ?

Notre usine est à Lagos. Au début, nous nous approvisionnions sur le marché libre, ce qui nous posait de nombreux problèmes concernant l’origine de nos matières premières alimentaires. Nous nous fournissons désormais directement auprès d’agriculteurs biologiques installés en périphérie de la ville, ce qui nous permet de garantir qu’aucun engrais ni produit chimique n’est utilisé pour la production.

Fin 2016, nous avons augmenté notre capacité de production de 500 à 5 000 paquets par mois. Nous ne produisons pas encore de telles quantités parce que notre activité est encore en cours de croissance, mais nous en avons la capacité pour l’avenir. Je veux qu’OmoAlata devienne le plus gros conditionneur de produits alimentaires du Nigeria et soit connu dans le monde entier. Le plan à court terme est de commencer à exporter vers les USA en 2018 et, je l’espère, vers le Royaume-Uni en 2019. Je prévois aussi d’ajouter deux autres produits à notre offre actuelle.

Quel est le facteur clé pour la création d’une entreprise prospère ?

Il est vital d’avoir une commercialisation adéquate et de développer une bonne image de marque, parce que n’importe qui peut créer une entreprise, mais c’est la construction d’une image de marque forte qui conditionne sa réussite. La différence entre Coca-Cola et les autres produits à base de cola du marché est l’image de marque. Chaque petite entreprise doit apprendre à optimiser les fonds, même modestes, dont elle dispose pour la commercialisation. J’ai contacté le propriétaire d’une petite société de communication commerciale – 360 Degrees. Lorsque je prévois une tournée de représentation, je l’emploie comme consultant et nous accomplissons nous-mêmes les démarches, ce qui nous a permis de promouvoir efficacement nos produits à moindre coût. Lorsque les gens vont voir notre activité en ligne, cela leur donne une idée des objectifs d’OmoAlata. Nous ne les avons pas encore atteints, mais nous construisons notre image de marque. Nous voulons devenir une marque internationale et mondiale et nous nous assurons sans relâche que tout ce que nous faisons nous rapproche de cet objectif.

Vous avez certainement rencontré des difficultés pour créer votre entreprise ?

En effet. Le principal problème, pour de nombreuses entreprises nigérianes, est l’approvisionnement électrique, nécessaire à l’usine et dans nos bureaux et entrepôts. Nous devons donc utiliser des groupes électrogènes, ce qui coûte très cher. Nous vendons aux détaillants et supermarchés et aussi directement aux consommateurs, et les produits doivent rester congelés avant l’utilisation, ou au moins réfrigérés, parce que nous n’ajoutons pas de conservateurs.

Les délais de paiement imposés par les commerces de détail sont un autre enjeu capital. Quelques magasins paient immédiatement, mais la plupart attendent d’avoir vendu tous les produits fournis et commandé davantage de marchandises avant de régler celles qu’ils ont déjà vendues. Tout entrepreneur fournissant des produits aux détaillants du Nigeria attestera de la réalité de ce problème qui crée de réelles difficultés de trésorerie pour les petites entreprises. Malheureusement, tant que le produit n’aura pas atteint le statut de grande marque, nous ne pouvons rien faire à ce sujet.

Quels enseignements aimeriez-vous partager avec d’autres entrepreneurs émergents, en particulier si ce sont comme vous de jeunes femmes ?

Je dirais qu’il ne faut jamais avoir peur de ses rêves. Si je m’étais appesantie sur la difficulté de mon entreprise, je ne me serais jamais lancée. Donc commencez avec ce que vous avez. N’attendez pas qu’un gros coup se présente. Ceux qui regardent la progression d’OmoAlata de l’extérieur diront que j’ai soulevé des montagnes, mais avec mon partenaire nous avons commencé petit à petit et ça a été très dur. C’est encore difficile. Nous avons souvent du mal à payer les salaires et les factures. Mon partenaire a un autre travail à temps plein et je dirige également une autre entreprise. J’ai aussi maintenant un bébé de quatre mois, mais j’ai dû retourner au travail avant ses deux mois. Je dois aller à l’usine, organiser les achats auprès des agriculteurs. Il faut se démener sans arrêt.

Beaucoup disent que l’entreprenariat est fantastique, mais c’est aussi énormément de travail. Il faut être prêt à sacrifier beaucoup de choses. Je dirais donc à toutes les jeunes femmes qui veulent se lancer dans les affaires de ne pas se laisser aveugler par l’apparente facilité du monde de l’entreprise. Mais si elles sont prêtes à travailler de manière acharnée, qu’elles sont passionnées et qu’elles sont sûres de leurs objectifs, alors qu’elles persistent et elles y arriveront. Sans persistance, toute entreprise échouera.

Oluyinka Alawode

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