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Nous voulons remettre les femmes à leur juste place dans la chaîne de valeur

Portrait de leaders

Fayelle Ouane

Directrice générale de Suguba, une plateforme qui vise à stimuler l’entrepreneuriat en Afrique francophone, Fayelle Ouane explique pourquoi son entreprise concentre ses efforts sur les jeunes et les femmes.

Suguba, qui signifie “grande place de marché” en langue mandé, vise à augmenter, en Afrique de l’Ouest, le nombre de start-up dans lesquelles investir. La plateforme fournit des méthodes pratiques pour les transformer en entreprises prospères.

Quels sont les éléments clés pour soutenir une entreprise en développement ?

Tous les business ne sont pas égaux. Certains ont des équipes très fortes et déjà constituées, avec toutes les compétences techniques, managériales, financières, etc. C’est un cas de figure très différent d’un porteur d’idée d’entreprise qui se présente seul, peut-être très doué techniquement, mais qui n’a aucune connaissance sur la préparation d’un bilan financier, sur la façon de lever des fonds, etc. Donc, à Suguba, nous commençons par dresser un diagnostic de l’entrepreneur, de ses compétences, peut-être des opportunités de développement en termes d’équipe, de stratégie financière, de ses capacités à mobiliser les fonds nécessaires pour permettre à l’entreprise de croître. Ce diagnostic initial nous permet d’établir une approche personnalisée pour que cet entrepreneur passe à l’étape supérieure et améliore la performance de son entreprise. Il bénéficiera aussi des conseils et des connexions que nous allons lui permettre d’avoir avec des mentors, des coaches et des experts dans différents domaines.

Que valent des programmes comme la compétition du CTA Pitch AgriHack pour soutenir de jeunes agripreneurs ?

Cette compétition allie deux éléments fondamentaux pour le développement socio-économique de l’Afrique : d’une part l’agriculture et l’agribusiness, d’autre part les nouvelles technologies et le développement numérique. C’est un domaine très pertinent, surtout pour les pays que nous couvrons actuellement ‒ le Mali et le Sénégal et bientôt la Côte d’Ivoire. Nous avons dispensé une formation sur la préparation et l’investissement pour les start-up en compétition. Nous avons regardé quelles étaient les sources de financement disponibles et les éléments clés dont ont besoin les start-up, tels que des états financiers robustes d’entreprise, pour mener de bonnes discussions avec ces investisseurs et lever les fonds nécessaires.

Lors du Pitch AgriHack 2018, Suguba a sponsorisé un prix aux entreprises dirigées par une femme, remis à la start-up béninoise Fenou Packaging. En quoi cette entreprise a-t-elle fait la différence ?

L’entrepreneuse choisie est très dynamique, très motivée, et son business model est parfaitement aligné avec la vision de Suguba, qui consiste à favoriser le commerce entre pays francophones au lieu d’exporter des matières premières et d’importer des produits transformés chers. Fenou Packaging est le type de compagnie qui servira de levier de croissance pour le commerce intra-régional en Afrique de l’Ouest et permettra le développement d’industries d’agrobusiness.

Fenou Packaging produit des emballages de très bonne qualité et entièrement biodégradables. Cela préserve l’environnement et améliore la qualité des produits fabriqués chez nous. Dans notre région, il y a de plus en plus de produits transformés localement disponibles dans des supermarchés, par exemple, mais la mauvaise qualité de l’emballage décourage les consommateurs et les incite à préférer des produits importés.

Comment Suguba soutient-elle le commerce intra-régional en Afrique de l’Ouest ?

La première chose que nous faisons est d’essayer de connecter les entrepreneurs de nos différents pays. Par exemple, on peut mettre un producteur de mangues au Mali en relation avec une usine de confitures au Sénégal. Pour l’instant, une bonne partie des mangues produites au Mali est exportée dans des pays de l’Union européenne, où plus de la moitié est rejetée pour des problèmes de qualité. Nous voulons connecter les entrepreneurs pour que la valeur soit créée et conservée dans notre région.

Ensuite, nous travaillons sur la conférence Made in West Africa, prévue pour l’année prochaine. Il y aura une grande exposition qui mettra en lumière les meilleurs producteurs, les meilleures entreprises locales. Notre objectif est de connecter ces entrepreneurs avec des investisseurs pour favoriser le développement de ces industries. En marge de cette exposition, nous projetons d’organiser un sommet avec des ministres du Commerce de la sous-région et d’autres intervenants clés, afin d’encourager nos dirigeants à prendre des engagements concrets pour promouvoir le commerce régional et la mise en œuvre de l’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (ACFTA).

Pourquoi Suguba est-elle impliquée dans le développement de business en technologie agricole dirigés par des femmes ?

Nous avons mis les femmes au cœur des activités de Suguba parce qu’en Afrique, elles sont confrontées à des obstacles plus importants que les hommes. Nous essayons d’identifier ces obstacles, les solutions que nous pouvons apporter, y compris à travers notre réseau de coaches, d’experts et de mentors. Dans le domaine de l’agriculture et l’agribusiness, les femmes sont celles qui travaillent le plus, mais qui retirent le moins de bénéfices. Suguba s’est donné comme mission d’essayer de rectifier ce déséquilibre et de remettre les femmes à leur juste place dans la chaîne de valeur.

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