L’ONG française Biomimicry Europa a fait du noyer Maya « l’arbre sauveur » de son programme de reforestation en Haïti, à la suite du séisme dévastateur de 2010. Fort apprécié dans la région, ce noyer possède aussi des propriétés de régénération des sols et peut atténuer l’impact du changement climatique.
Le noyer maya est l’“arbre sauveur” choisi par l’association Biomimicry Europa pour son programme de reforestation lancé en 2010 à Haïti, après le séisme qui a détruit le pays. Avec cet arbre aux propriétés multiples, l’association européenne de biomimétisme montre que la nature fait décidément bien les choses.
Environ cent mille arbres ont été plantés pendant ces cinq années et les premières floraisons ont eu lieu cet hiver (l’été dans l’hémisphère Sud). Cette essence robuste supporte bien les sols dégradés. Plantés principalement dans les jardins familiaux, les arbres améliorent la rétention d’eau des sols, favorisent la remontée d’éléments nutritifs et l’enrichissement du sol avec l’humus produit par leur feuillage persistant.
Mais c’est une caractéristique bien propre du noyer maya qui a attiré l’intérêt de Daniel Rodary, coordinateur du programme Arbres sauveurs à Biomimicry. Cet arbre est oxalogène, c’est-à-dire capable, grâce à des symbioses bactério-fongiques, de produire et de fixer du calcaire. Il permet donc de séquestrer du carbone dans le sol, une caractéristique recherchée à l’ère du changement climatique. Le calcaire améliore également la qualité du sol, voire le fertilise, souligne cet écologue en s’appuyant sur des études en cours. Les graines du noyer maya sont aussi riches en minéraux et en vitamines, ce qui lui donne des propriétés nutritionnelles comparables à celles du soja ou du quinoa. “Une fois séchées au soleil, les graines peuvent être conservées longtemps (5 ans)”, explique Daniel Rodary. Pilées, les graines sèches font une farine qui s’intègre facilement dans la nourriture traditionnelle haïtienne (sauce, bouillie, pâtes pour fritures ou sucrées, boisson à partir des graines torréfiées, etc.).
Enfin, les feuilles font un excellent fourrage pour le bétail, qui améliore la lactation des animaux.
Biomimicry fournit les graines à ses partenaires locaux, des ONG haïtiennes ainsi que l’ONG internationale Sadhana Forest. Ces organisations font pousser les plantules et les distribuent aux participants sur la base du volontariat, à raison de trois à cinq arbres par famille. Les ONG proposent également des formations sur l’entretien à apporter aux jeunes arbres et sur l’utilisation des graines.
Les graines des arbres plantés en 2011 ont donné les premières plantules “100 % made in Haiti”. “Pour les paysans haïtiens, ces résultats sont la preuve ‘de terrain’ que l’arbre s’adapte bien et que le programme a vu juste”, souligne Daniel Rodary.
