Agriculture intelligente
Au Ghana, au Malawi et au Mali, des agricultrices utilisent des techniques de gestion intelligente de l’eau pour augmenter le rendement de leurs cultures, tout en préservant les écosystèmes vitaux des sols. Les populations font ainsi mieux face aux sécheresses répétées.
Une initiative promouvant les technologies et les pratiques liées à la gestion intelligente des eaux agricoles (WaSA, Water Smart Agriculture) au Ghana, au Malawi et au Mali vise à permettre à au moins 40 000 petits exploitants d’avoir un meilleur accès à l’eau, afin qu’ils puissent subvenir à leurs besoins et assurer leur sécurité alimentaire dans un contexte de variabilité du climat. Lancé par CARE International en 2016, le programme WaSA through Pathways, d’une durée de trois ans, part du principe que les petits exploitants amélioreront leur sécurité alimentaire grâce à un accès plus durable à l’eau et une utilisation plus productive de cette ressource. L’initiative travaille directement avec des milliers de petits exploitants, en majorité des femmes, pour les familiariser avec les outils et les informations de WaSA.
Les bénéfices des pratiques WaSA sont triples. Des mesures comme le travail réduit du sol, l’utilisation de compost et du système Vétiver – qui implique la plantation de haies de vétiver, une espèce de graminée, pour créer des terrasses naturelles qui piègent les sédiments et favorisent l’écoulement des eaux de ruissellement dans le sol et les systèmes radiculaires des cultures – améliorent la structure du sol et réduisent l’érosion. En plus de permettre une gestion intelligente du sol, ces techniques, avec d’autres pratiques WaSA comme l’utilisation de systèmes d’irrigation à petite échelle, garantissent une utilisation efficace et équitable de l’eau et contribuent à renforcer la sécurité alimentaire en améliorant le rendement des cultures. Les agriculteurs utilisant le système Vétiver ont accru leurs rendements de 30 %.
Au Malawi, 112 agents de vulgarisation ont été formés aux pratiques WaSA et 42 écoles agricoles et commerciales disposent de parcelles de démonstration active, qui présentent les techniques de gestion de l’eau améliorée, comme le paillage, les billons cloisonnés et le zaï. Alors que dans l’approche des billons cloisonnés les semences sont généralement plantées des deux côtés de billons et sillons pour collecter l’eau via des sols inclinés, le zaï implique de planter les semences dans des fosses de 20 à 30 cm de long et de 10 à 20 cm de profondeur, creusées dans le sol tous les 60 à 80 cm avant la plantation. Ces fosses collectent l’eau de pluie et contiennent le paillis ou le compost. Ce dernier aide à améliorer la fertilité des sols et à restaurer les terres dégradées en augmentant la capacité d’absorption et de rétention de l’eau du sol – 1 % de matière organique peut retenir 185 000 litres d’eau assimilable par les végétaux par hectare. Les agriculteurs qui utilisent le zaï ont signalé une augmentation de 79 % de leur production et 47 % des participants au Malawi se sont engagés à adopter cette pratique d’ici la fin 2017.
Jusqu’à présent, 4 500 agriculteurs, dont plus de 4 000 femmes, ont participé à la formation WaSA dans les districts malawites de Diwa et Kasungu. “Au Malawi, les pratiques WaSA améliorent la gestion des ressources naturelles et la capacité du sol à retenir l’eau, faisant ainsi que les végétaux y aient accès même lors de périodes de sécheresse prolongées”, affirme Charles Mkangara, coordinateur agricole, WaSA through Pathways Malawi. Il ajoute : “À moyen et long terme, ces pratiques aideront les agriculteurs à produire davantage par unité de surface et amélioreront la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages.” Par ailleurs, 4 400 agriculteurs supplémentaires du Ghana et du Mali, principalement des femmes, ont été formés aux techniques WaSA. Parmi eux, 423 producteurs ghanéens ont suivi des formations aux technologies d’irrigation à petite échelle, qui contribueront à améliorer leur accès à l’eau et leur utilisation efficace de cette ressource durant la saison sèche.
“Au Mali, les agriculteurs sont confrontés à des contraintes majeures en termes de production, en lien notamment avec la disponibilité des terres et de l’eau. En fait, dans la région de Bandiagara, seuls 10 % des terres sont cultivables. La plupart des sols sont improductifs, stériles et vulnérables aux sécheresses”, explique Mamadou Fotigui Coulibaly, chef de programme, WaSA through Pathways Mali. Mais des petits exploitants adoptent l’approche des “alignements de pierres” pour restaurer le sol dans certaines zones dégradées : des pierres sont déposées tout autour de la parcelle à restaurer, ce qui aide à réduire l’érosion, augmente l’infiltration de l’eau et permet la régénération des végétaux, de sorte que le sol devienne suffisamment fertile pour être cultivé. Cette approche a jusqu’à présent permis aux petits exploitants de récupérer 41 hectares de terres dégradées au Mali.